CENDRARSBLAISE (1887-1961). Écrit par Yvette BOZON-SCALZITTI ‱ 1 248 mots ‱ 1 mĂ©dia Blaise Cendrars (pseudonyme de FrĂ©dĂ©ric Sauser-Hall), nĂ© Ă  La Chaux-de-Fonds (Suisse), mort Ă  Paris, est l'Ă©crivain victime de la lĂ©gende qu'il a lui-mĂȘme créée et que ses amis, ses critiques ont enrichie : lĂ©gende de l'homme d'action, de l'aventurier Ă©pris de la vie, et de la vie dangereuse La langue russe est riche alphabet cyrillique, grammaire et prononciation, seul un professeur qualifiĂ© Kelprof vous aidera Ă  vous perfectionner et Ă  maĂźtriser le russe. Apprendre le russe, c’est aussi pousser les portes d’une culture infinie, notamment en littĂ©rature. Portrait des dix plus grands Ă©crivains russes de tous les temps. 1/ Alexandre Pouchkine, le poĂšte francophone et francophile Auteur du XIXe siĂšcle, Alexandre Pouchkine est issu de la noblesse russe. DĂšs l’ñge de 10 ans, il lit La Fontaine et Voltaire en français. De sa mĂšre, il tient ses origines africaines. Pendant longtemps, il a du mal Ă  accepter l’image qu’il voit dans le miroir, malgrĂ© le succĂšs important qu’il rencontre auprĂšs des femmes. Enfant, ses camarades le traitent de “singe” et le rejettent. Il trouve rapidement refuge dans la lecture. PoĂšte, Alexandre Pouchkine deviendra ensuite censeur personnel de l’empereur de Russie, Nicolas Ier, puis Ă©crivain et journaliste. Il Ă©pousera Natalia NikolaĂŻevna Gontcharova. Quelques annĂ©es plus tard, c’est en affrontant en duel un officier français, Georges d'AnthĂšs, qui faisait la cour Ă  son Ă©pouse, que Alexandre Pouchkine mourra. FrappĂ© au ventre, il succombera Ă  ses blessures. Il reste encore aujourd’hui l’un des auteurs les plus connus en Russie et Ă  l’étranger. Ses oeuvres phares Mozart et Salieri, 1830 L'InvitĂ© de pierre, 1830 EugĂšne OnĂ©guine, 1833 La Dame de Pique, 1834 La Fille du Capitaine, 1836 Boris Godounov, 1831 2/ Nicolas Gogol, l’éternel incompris en quĂȘte de sens Écrivain russe du XIXe siĂšcle d’origine ukrainienne, Nicolas Gogol est l’un des auteurs principaux de la littĂ©rature classique russe. Ses dĂ©buts en tant que poĂšte sont compliquĂ©s il essuie de nombreux Ă©checs, et s’exile mĂȘme en Allemagne, sous de fausses identitĂ©s. Il revient ensuite Ă  Saint-PĂ©tersbourg et reprend un travail mal payĂ© dans l’administration en attendant le succĂšs. Nicolas Gogol va quitter l’administration et devenir professeur pour filles d’officiers nobles. Il rencontrera Alexandre Pouchkine qui va lui conseiller de continuer Ă  Ă©crire. Le succĂšs arrive enfin avec les SoirĂ©es du hameau, qui est un recueil de nouvelles loufoques. Mais ne durera pas. L’écrivain connaĂźtra tour Ă  tous succĂšs et vives critiques, qu’il supporte trĂšs mal. France, Allemagne, Italie
 Il passera sa vie Ă  voyager et sera touchĂ© par une crise aiguĂ« de mysticisme Ă  la fin de sa vie. Ses oeuvres phares Les SoirĂ©es du hameau, 1831 Tarass Boulba, 1835 Le Nez, 1836 Le Revizor, 1836 Les Âmes mortes, 1842 Le Manteau, 1842 Nouvelles de PĂ©tersbourg, 1842 3/ LĂ©on TolstoĂŻ, l’auteur Ă  succĂšs De LĂ©on TolstoĂŻ, auteur russe du XIXe siĂšcle, on connaĂźt d’abord Guerre et Paix, qui dĂ©crit toutes les strates de la sociĂ©tĂ© russe au moment de l’invasion du pays par les troupes napolĂ©oniennes en 1812. TrĂšs rapidement, l’écrivain connaĂźt le succĂšs et ce, dĂšs ses premiĂšres publications, qui sont des rĂ©cits autobiographiques Enfance et Adolescence. Anna KarĂ©nine lui donnera ses lettres de noblesse. Au milieu de sa vie, LĂ©on TolstoĂŻ se dĂ©tournera de l’Eglise orthodoxe russe pour aller vers un christianisme non-violent. Il correspondra Ă  ce sujet jusqu’à sa mort avec Mahatma Gandhi. Ses oeuvres phares Guerre et Paix, 1867 Anna KarĂ©nine, 1877 La Mort d’Ivan Ilitch, 1886 RĂ©surrection, 1899 4/ Fiodor DostoĂŻevski, Ă  l’origine de Crime et ChĂątiment Nombreux sont les romans de Fiodor DostoĂŻevski qui ont pour sujet principal la condition humaine, l’existence de Dieu et la nature humaine. Dans sa jeunesse, Fiodor DostoĂŻevski noue des relations avec les mouvements progressistes de Saint-PĂ©tersbourg. Il sera arrĂȘtĂ© pour cela et dĂ©portĂ© dans un bagne en SibĂ©rie pendant plusieurs annĂ©es. C’est en revenant qu’il se consacre entiĂšrement Ă  l’écriture. Joueur compulsif et criblĂ© de dettes, Fiodor DostoĂŻevski s’exilera en Europe pour fuir ses crĂ©anciers. A la fin de sa vie, il dĂ©laissera le socialisme pour devenir un fidĂšle patriote de l’Empire russe. Ses oeuvres phares Crime et ChĂątiment, 1866 L’Idiot, 1869 Les DĂ©mons, 1871 Les FrĂšres Karamazov, 1880 5/ Ivan Bounine ou le quotidien rĂ©aliste des paysans russes Prix Nobel de littĂ©rature en 1933, l’écrivain russe Ivan Bounine est connu pour ses poĂšmes et ses nouvelles en prose. C’est son roman Le Village qui va le faire connaĂźtre du public international. Dans cette oeuvre, Bounine retranscrit le quotidien pesant, la mĂ©lancolie infinie et la misĂšre d’un petit village isolĂ© en Russie. Cette image est bien loin de l’image idyllique mais non rĂ©elle souvent donnĂ©e Ă  l’époque du moujik heureux. A la fin de sa vie, Bounine quitte la Russie et s’installe Ă  Paris. Ses oeuvres phares Au hameau, 1892 Le Monsieur de San Francisco, 1915 Le Village, 1922 Jours maudits, 1926 La vie d’ArsĂ©niev jeunesse, 1927 Les AllĂ©es sombres, 1946 Les Pommes d’Antonov, 1949 6/ Vladimir Nabokov, l’auteur Ă  scandale avec Lolita Écrivain amĂ©ricain d’origine russe, Vladimir Nabokov est un auteur majeur de la littĂ©rature internationale du XXe siĂšcle. Si on connaĂźt Nabokov, c’est avant tout pour son roman Lolita publiĂ© en 1955, qui provoqua un scandale sans prĂ©cĂ©dent et fut censurĂ© Ă  sa sortie. Il met en effet en scĂšne une jeune fille, prĂ©-adolescente, qui est sĂ©duite par un homme beaucoup plus ĂągĂ©. Le romancier a fui avec sa famille, libĂ©rale et cultivĂ©e, la Russie pendant la RĂ©volution bolchevique. Ils trouvent refuge en Europe, avant de partir aux Etats-Unis. Parfaitement trilingue russe, français et anglais, Nabokov travaille comme professeur de littĂ©rature europĂ©enne dans diffĂ©rentes universitĂ©s avant de rencontrer le succĂšs qu’on lui connaĂźt avec Lolita. Ses oeuvres phares Le Guetteur, 1930 Lolita, 1955 Pnine, 1957 Feu pĂąle, 1962 Ada ou l’Ardeur, 1969 7/ MikhaĂŻl Boulgakov, l’écrivain marquĂ© par la censure soviĂ©tique Écrivain russe du XXe siĂšcle, MikhaĂŻl Boulgakov commence sa carriĂšre en tant que mĂ©decin pendant la PremiĂšre Guerre mondiale, la RĂ©volution russe puis la guerre civile russe. Dans les annĂ©es 20, il stoppe cette activitĂ© pour travailler en tant que journaliste et Ă©crivain. Toute sa carriĂšre sera marquĂ©e par la censure soviĂ©tique. Tous les romans de Boulgakov paraĂźtront en version non censurĂ©e en Russie dans les annĂ©es 70 seulement. Ses oeuvres phares La Garde blanche, 1925 RĂ©cits d’un jeune mĂ©decin, 1925 Le Roman de monsieur de MoliĂšre, 1962 Le MaĂźtre et Marguerite, 1966 Coeur de chien, 1968 8/ Boris Pasternak, l’auteur du Docteur Jivago PoĂšte et romancier russe, Boris Pasternak a reçu le prix Nobel de littĂ©rature en 1958. Son roman principal est Le Docteur Jivago, qui ne sera publiĂ© qu’en 1985 en URSS durant la perestroĂŻka. Boris Pasternak sera interdit d’aller chercher son prix littĂ©raire Ă  Stockholm, en Russie. SuspectĂ© par les autoritĂ©s soviĂ©tiques d’ĂȘtre un “agent de l’Occident capitaliste, anti-communiste et anti-patriotique”, l’écrivain est menacĂ© de ne pas pouvoir revenir en URSS s’il quitte le pays. Il fĂȘtera Ă  distance la rĂ©ception de son prix, en famille en Russie. Quelques minutes avant de mourir, Boris Pasternak aurait dit Ă  sa femme “La vie a Ă©tĂ© belle, trĂšs belle, mais il faut aussi mourir un jour. J’ai aimĂ© la vie et toi.” Ses oeuvres phares Le Docteur Jivago, 1957 9/ Ievgueni Zamiatine, le maĂźtre de la science-fiction Les oeuvres de Ievgueni Zamiatine, Ă©crivain russe du XXe siĂšcle, ont Ă©tĂ© fortement inspirĂ©es par le travail de H. G. Wells. Son oeuvre la plus connue est Nous autres. Dans ce roman de science-fiction, qui est une dystopie, Zamiatine Ă©voque sa dĂ©ception par rapport Ă  la rĂ©volution d’Octobre. Les liens entre Un bonheur insoutenable d’Ira Levin, 1984 de George Orwell ou Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley sont palpables. “Pour moi, en tant qu’écrivain, ĂȘtre privĂ© de la possibilitĂ© d’écrire Ă©quivaut Ă  une condamnation Ă  mort. Les choses ont atteint un point oĂč il m’est devenu impossible d’exercer ma profession, car l’activitĂ© de crĂ©ation est impensable si l’on est obligĂ© de travailler dans une atmosphĂšre”, a Ă©crit Zamiatine. Ses oeuvres phares Nous autres, 1924 10/ Anton Tchekhov, un Ă©crivain extrĂȘmement prolifique Écrivain du XIXe siĂšcle, Anton Tchekhov est l’un des auteurs les plus prolifiques de son Ă©poque entre 1880 et 1903, il aura Ă©crit plus de 600 oeuvres ! Nombreuses de ses oeuvres ont Ă©tĂ© mises en scĂšne au théùtre. Il est aujourd’hui l’un des auteurs les plus connus de la littĂ©rature russe. Il est notamment rĂ©putĂ© pour ses descriptions dĂ©taillĂ©es de la vie de province en Russie Ă  la fin du XIXe siĂšcle. Ses oeuvres phares Ivanov, 1887 La Mouette, 1896 Oncle Vania, 1898 Les Trois Soeurs, 1901 La Cerisaie, 1904 Vous cherchez un professeur particulier de russe dans votre ville ? Rien de plus simple. De nombreux profs sont enregistrĂ©s chez nous. AprĂšs avoir entrĂ© la matiĂšre ici, “russe” et votre ville, une liste complĂšte de professeurs de russe s’affichera. Ils sont classĂ©s par pertinence les meilleurs profs sont ceux qui sont affichĂ©s en premier. 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Un texte argumentatif peut traiter de tout type de sujets. Cependant, on retrouve, au fil des siĂšcles, une rĂ©currence des thĂšmes liĂ©s Ă  ce que l'homme a de plus proche – mais parfois de plus mystĂ©rieux lui-mĂȘme. 1. La rĂ©flexion sur ce qui constitue l'identitĂ© de l'homme Le texte argumentatif n'est pas seulement le lieu oĂč un Ă©crivain dĂ©fend une thĂšse dĂ©jĂ  formĂ©e ; il est Ă©galement un espace oĂč il peut s'interroger, poser des questions dont les rĂ©ponses ne sont pas Ă©videntes et nĂ©cessitent une rĂ©flexion. L'auteur y dĂ©veloppe des constats, propose une interprĂ©tation, Ă©ventuellement une thĂšse – mais surtout, il dĂ©roule une pensĂ©e en construction. L'une des questions fondamentales qui se pose Ă  l'homme est bien sĂ»r celle de son identitĂ© qu'est-ce qu'un homme ? Qu'est-ce qu'un individu ? L'Ă©criture de soi Certains Ă©crits s'organisent, pour tenter de rĂ©pondre Ă  cette question, autour d'une description de soi. Au xvie siĂšcle, Montaigne, dans Les Essais, essaie de se dĂ©peindre, pour se comprendre. L'autoportrait prend une valeur argumentative lorsqu'il se tourne vers une rĂ©flexion thĂ©orique Ă  partir de l'observation de soi-mĂȘme. Montaigne affirme ainsi Je ne peins pas l'homme, je peins le passage », ce qui signifie que selon lui, l'homme n'est pas une unitĂ© donnĂ©e une fois pour toutes mais un ĂȘtre en changement permanent. Jean-Jacques Rousseau, au xviiie siĂšcle, donnera Ă  la littĂ©rature française la premiĂšre autobiographie au sens strict du terme mais Les Confessions offrent de nombreux passages dans lesquels le rĂ©cit de sa propre vie et la rĂ©flexion sur l'identitĂ© se mĂȘlent inextricablement. Le xixe et le xxe siĂšcles poursuivront cet effort de comprĂ©hension de soi, qui est aussi une tentative de comprĂ©hension de l'homme. Lorsque Nathalie Sarraute, par exemple, Ă©crit Enfance, elle fait dialoguer deux voix qui se rapportent pourtant Ă  une seule personne – elle-mĂȘme. Cette forme littĂ©raire est, de façon oblique, une maniĂšre de rĂ©flĂ©chir la multiplicitĂ© de l'individu elle est mĂȘme une contestation de l'Ă©tymologie du mot, puisque in-dividu » signifie le fait d'ĂȘtre indivisible. Les textes thĂ©oriques Des textes plus directement argumentatifs s'intĂ©ressent Ă©galement Ă  cette question. L'auteur cherche alors Ă  expliciter ce qu'est la personnalitĂ© ou l'humanitĂ©, en tentant de dĂ©couvrir les rouages du cƓur comme ceux de la pensĂ©e. La rĂ©flexion se fait, dans ce cas, plus large, et mĂȘme si certains Ă©crivains partent d'un cas particulier, ils dĂ©gagent ensuite des lois ou des thĂšses gĂ©nĂ©rales. Au xviie siĂšcle, Pascal pose ainsi la question Qu'est-ce que le moi ? » dans Les PensĂ©es, et y rĂ©pond Ă  l'aide d'un dĂ©veloppement thĂ©orique rĂ©vĂ©lant que ce moi » n'est rĂ©ductible ni au corps, ni Ă  la raison, ni aux Ă©motions. La Rochefoucauld ou La BruyĂšre, toujours au xviie siĂšcle, livrent dans les Maximes et dans les CaractĂšres une sĂ©rie de descriptions, parfois critiques, qui permettent de saisir un individu Ă  partir de ce qu'il montre ou de ce qu'il croit ĂȘtre. Ces moralistes cherchent donc Ă  pĂ©nĂ©trer la vĂ©ritĂ© psychologique d'un homme, au-delĂ  des apparences. Ils dĂ©cortiquent nos motivations, et dĂ©busquent l'hypocrisie ou l'intĂ©rĂȘt qui nous guident. Au xxe siĂšcle, les surrĂ©alistes reprendront cette question pour lui donner une toute autre interprĂ©tation ce courant littĂ©raire dont le chef de file est AndrĂ© Breton met en effet en avant l'importance de l'inconscient chez l'individu. Certains textes, enfin, sont plus ouvertement philosophiques. Sartre, dans L'Être et le NĂ©ant, ou dans L'Existentialisme est-il un humanisme ?, dĂ©finit la conscience et rejette l'idĂ©e selon laquelle il existerait une nature humaine » ou un caractĂšre » auxquels nous serions soumis. Il s'oppose par lĂ  Ă  tout ce que les moralistes avaient cherchĂ© Ă  montrer. La question de la foi et du sens Cette interrogation est souvent accompagnĂ©e d'une rĂ©flexion sur le rapport entre individu et foi, ou individu et croyance. En effet, qui veut Ă©tudier l'homme doit prendre en compte ses aspirations et son inclination au sacrĂ©. Certains thĂ©ologiens, comme Thomas d'Aquin, ou certains croyants fervents, comme Pascal, exposent dans leurs ouvrages leurs convictions religieuses. Ce faisant, ils proposent aussi une conception de l'homme, dotĂ© d'une Ăąme et ayant Ă©ventuellement accĂšs Ă  l'immortalitĂ©. La rĂ©flexion sur l'homme pose alors la question du sens de notre vie sur terre, de notre devenir, et de la valeur que l'on peut accorder aux biens matĂ©riels ou spirituels. Tout le xviiie siĂšcle avec en particulier Voltaire, ou Diderot s'attache Ă  cette question en la posant sous l'angle du bonheur les philosophes des LumiĂšres combattent une religion rĂ©pressive et autoritaire, et posent des valeurs nouvelles. 2. L'individu et la sociĂ©tĂ© RĂ©flĂ©chir sur l'homme, c'est aussi rĂ©flĂ©chir sur la sociĂ©tĂ© dans laquelle il s'insĂšre. En effet, l'homme ne vit pas sauf exception isolĂ© ; or, l'inscription dans une communautĂ© engendre des heurts, des dysharmonies, des frustrations
 Les textes argumentatifs cherchent donc Ă  comprendre le rapport de l'homme Ă  la sociĂ©tĂ©, et Ă©laborent parfois des modĂšles de sociĂ©tĂ©s. Utopies Le genre de l'utopie créé par Thomas More, au xvie siĂšcle est ainsi un entrelacement du rĂ©cit et de l'argumentation il propose un lieu idĂ©al, en correspondance avec des valeurs – comme le fait Rabelais avec l'abbaye de ThĂ©lĂšme. Dans ce texte imprĂ©gnĂ© de l'optimisme de l'humanisme, l'auteur montre que la sociĂ©tĂ© idĂ©ale est celle oĂč chacun est libre, mais suffisamment liĂ© Ă  autrui par une culture commune, des goĂ»ts semblables, etc. pour ne pas le contrarier. D'autres Ă©crivains useront de ce genre Voltaire propose l'utopie de l'Eldorado, dans Candide il y montre l'importance des arts et des sciences, et la possibilitĂ© de se passer de prisons. Au xixe siĂšcle, Jules Verne ou Charles Fourier imaginent des villes propres, rationnelles, gĂ©omĂ©triquement parfaites. Lois morales et difficultĂ©s Ă  vivre en sociĂ©tĂ© Le rapport entre individu et sociĂ©tĂ© peut passer Ă©galement par l'Ă©laboration de codes et de lois » morales, afin de permettre une vie commune sans affrontement. Les moralistes du xviie siĂšcle prĂŽnent une conduite mesurĂ©e, correspondant aux valeurs classiques » de l'Ă©poque ils admettent l'existence de l'orgueil, des dĂ©fauts de chacun – mais montrent comment on peut, en respectant les biensĂ©ances et en se pliant Ă  des usages de politesse, faire en sorte que les vices ne soient pas invivables. La vision de l'homme qu'ils proposent est assez dĂ©sabusĂ©e, dans la mesure oĂč ils ne croient pas Ă  une amĂ©lioration de l'individu. Cependant, Pascal dans Les Trois Discours sur la condition des Grands, ou La Rochefoucauld dans les Maximes, donnent aux lecteurs des Ă©lĂ©ments pour transformer cet Ă©tat de faits en un univers tolĂ©rable. Le théùtre prend en charge lui aussi cette rĂ©flexion la piĂšce de MoliĂšre, Le Misanthrope, peut ĂȘtre lue comme une argumentation, autour des thĂšmes de la franchise et de l'hypocrisie. Dans les piĂšces de Racine est posĂ©e la question de la place Ă  donner aux passions individuelles contre les devoirs sociaux. Tout au long du xixe siĂšcle, des auteurs tels que Stendhal, Balzac, Maupassant ou Zola montrent dans leurs romans, par l'intermĂ©diaire des rĂ©flexions des personnages, ou bien dans des articles les difficultĂ©s de l'accord entre l'individu et la sociĂ©tĂ©. Le roman d'apprentissage livre ainsi le parcours d'un personnage, cherchant Ă  s'insĂ©rer dans la communautĂ© et, en mĂȘme temps, Ă  rĂ©aliser ses ambitions personnelles – avec plus ou moins de bonheur Le Rouge et le Noir, de Stendhal, Illusions perdues de Balzac. En effet, entre les aspirations de l'individu et la sociĂ©tĂ© peut se rĂ©vĂ©ler une distance infranchissable. Certains textes argumentatifs explicitent cette incompatibilitĂ©, par exemple en dĂ©veloppant une thĂ©orie de l'individualisme. Choderlos de Laclos, dans le roman Ă©pistolaire Les Liaisons dangereuses, ou Sade, dans ses Ă©crits romanesques et philosophiques, montrent des personnages pour qui la seule voie possible est le rejet des valeurs communes et l'exaltation des inclinations personnelles. Mais le xviie siĂšcle avait dĂ©jĂ  en parallĂšle au courant classique » creusĂ© cette voie les auteurs baroques considĂšrent le monde et l'homme comme des entitĂ©s fondamentalement hĂ©tĂ©rogĂšnes, changeantes, multiples – qu'il serait vain de vouloir couler dans un moule unique et dans une harmonie illusoire. Et, plus prĂšs de nous, le xxe siĂšcle a vu Ă©clore une rĂ©flexion sur les dĂ©sirs et les frustrations individuels nombreux sont les ouvrages argumentatifs sur la sociĂ©tĂ© de consommation, l'uniformisation qui dĂ©coule de la mondialisation. 3. La rĂ©flexion politique S'inscrire dans une sociĂ©tĂ©, c'est aussi participer Ă  la vie politique. Or, l'argumentation est le type de textes privilĂ©giĂ© pour dĂ©velopper des thĂšses, faire la critique ou l'Ă©loge de certains modes de pouvoir comme de certaines valeurs. Les rapports entre les hommes La rĂ©flexion sur le rapport entre soi et l'autre n'a jamais cessĂ©. Les textes argumentatifs peuvent ĂȘtre directs Montaigne, au xvie siĂšcle, critique l'ethnocentrisme dans Les Essais, et Levi-Strauss, ethnologue du xxe siĂšcle auteur de Tristes Tropiques, montre que ce que nous nommons barbarie » est de notre cĂŽtĂ© bien plus que de celui des barbares ». Sartre signe la prĂ©face d'une anthologie de la nouvelle poĂ©sie nĂšgre et malgache », prĂ©face intitulĂ©e OrphĂ©e noir dans laquelle il dĂ©monte les mĂ©canismes racistes. D'autres auteurs utilisent le biais de l'argumentation indirecte PrĂ©vert, CĂ©saire, Senghor prennent la parole et dĂ©fendent la thĂšse de l'anti-racisme Ă  travers la poĂ©sie. La justice Cette rĂ©flexion sur l'Ă©galitĂ© des hommes s'accompagne de celle portant sur la justice. De fait, la littĂ©rature argumentative se penche sur les notions de pouvoir, de tolĂ©rance
 Le siĂšcle des LumiĂšres a vu Ă©merger de trĂšs nombreux Ă©crits textes comparant les diffĂ©rents modes de gouvernements Montesquieu, De l'Esprit des Lois, texte thĂ©orique Les Lettres persanes, roman Ă©pistolaire, critique du fanatisme et de l'intolĂ©rance. Voltaire, Diderot, ont ainsi fourni de nombreux articles pour L'EncyclopĂ©die, ayant pour base ces Ă©lĂ©ments. L'engagement Cette interrogation sur les modes politiques mĂšne immanquablement Ă  la rĂ©flexion sur l'engagement. Les textes argumentatifs explorent les thĂšmes de la guerre, de l'inhumain », et, au xxe siĂšcle, de l'univers concentrationnaire – rĂ©flĂ©chir sur l'homme, c'est ainsi prendre position sur l'horreur de certains Ă©vĂ©nements. L'indignation emprunte diverses voies la satire ou le pamphlet, l'ironie Voltaire, dans Candide, par exemple, le rĂ©cit autobiographies de Primo Levi, de Semprun
, la contre-utopie 1984, de George Orwell. En 2010, StĂ©phane Hessel a rencontrĂ© un succĂšs fulgurant avec un appel Ă  l'engagement intitulĂ© Indignez-vous. Conclusion Le texte argumentatif, direct ou indirect, est le lieu privilĂ©giĂ© d'une rĂ©flexion anthropologique, qui se poursuit au fil des Ă©poques les auteurs s'interrogent, et se rĂ©pondent d'un siĂšcle Ă  l'autre – chaque vision enrichissant notre vision de nous-mĂȘme.

Cesont les Ă©crivains dans la guerre. Pour ce premier texte de notre sĂ©rie « Écrivains dans les tranchĂ©es », Le Devoir se penche sur Stendhal, TolstoĂŻ et Barbusse. Depuis que le
1Le long rĂšgne de Louis XIV, qui s’étend de 1661 Ă  1715, correspond dans sa premiĂšre partie Ă  l’apogĂ©e de la monarchie dite absolue. PrĂ©cision de dĂ©part il ne faut pas confondre absolutisme et despotisme. L’absolutisme, mĂȘme s’il y a contradiction dans les termes, comporte des limites, des rĂšgles d’organisation et de fonctionnement, des institutions que le monarque doit respecter. Quant au despotisme, il dĂ©signe le gouvernement arbitraire, sans frein ni limites. L’absolutisme est la rĂ©sultante d’une longue gestation historique. À mesure que le temps passe, la sociĂ©tĂ© française paraĂźt de plus en plus soumise au roi. La noblesse, dĂšs le xvie siĂšcle, est retenue Ă  la cour dans une sorte de domesticitĂ© dorĂ©e. La cour, surtout celle de Versailles, fut le vĂ©ritable antidote contre la turbulence et l’esprit frondeur des nobles. GrĂące au concordat de Bologne de 1516, le roi a obtenu la disposition des principales dignitĂ©s et bĂ©nĂ©fices ecclĂ©siastiques ; il nomme les Ă©vĂȘques et les abbĂ©s des principales abbayes, et s’assure ainsi la docilitĂ© du clergĂ©. La bourgeoisie est tombĂ©e, elle aussi, dans l’orbite royale. Le systĂšme de la vĂ©nalitĂ© des charges et des offices la fixe irrĂ©sistiblement au service du roi. Artisans et commerçants sont encadrĂ©s par des groupements corporatifs Ă©troitement soumis Ă  l’autoritĂ© publique. Les paysans subissent les consĂ©quences des pressions multiformes, politiques, Ă©conomiques, fiscales, culturelles ; sur eux, s’appesantit la tutelle de l’État, des centres urbains et des corps intermĂ©diaires. 2La soumission de la sociĂ©tĂ© au roi est rĂ©elle, les Français obĂ©issent. Ils obĂ©issent parce que leur culture, leur Ă©ducation les inclinent Ă  l’obĂ©issance la France est l’hĂ©ritiĂšre de Rome, patrie du droit, de la thĂ©orie de l’État, de la puissance publique. La France aussi est un pays catholique. Or, l’Église, modĂšle de sociĂ©tĂ© politique, est une structure monarchique dirigĂ©e par le pape ; elle procĂšde par affirmations dogmatiques, par voie hiĂ©rarchique, et refuse en matiĂšre religieuse le libre examen. Surtout, elle affirme que toute sociĂ©tĂ©, toute citĂ© terrestre a besoin d’une autoritĂ©, d’un pouvoir. Le pouvoir est la consĂ©quence du pĂ©chĂ©, de la chute originelle. Saint Paul et saint Pierre l’ont rappelĂ©, omni potestas a Deo ». L’Église enseigne donc le respect de l’autoritĂ© politique et la soumission au roi. 3Mais la sociĂ©tĂ© aussi a des droits. L’homme chrĂ©tien sait qu’il est une image de Dieu, qu’il a une Ăąme immortelle, et que s’il doit ĂȘtre un bon citoyen, un sujet obĂ©issant, il ne doit pas tout Ă  l’État. Ses droits fondamentaux ne viennent pas d’une concession faite par le pouvoir, il les tient du fait d’ĂȘtre un homme, de l’éminente dignitĂ© de la personne humaine. Les Français s’assignent des objectifs communs, plus ou moins consciemment faire vivre, au cƓur de la sociĂ©tĂ©, le principe d’égalitĂ©, proclamĂ© par le christianisme. DĂšs le xiiie siĂšcle, cette poussĂ©e Ă©galitaire a obtenu des rĂ©sultats dans les villes, contre les seigneurs, les bourgeois ont arrachĂ© des chartes de franchise, le droit de gĂ©rer leurs affaires municipales ; dans les campagnes, les serfs sont massivement affranchis et la plupart des paysans ont conquis, Ă  la fin du Moyen Âge, la libertĂ© personnelle. Plus tard, l’État offrira la protection de son droit et de son organisation aux propriĂ©taires, aux Ă©pargnants, Ă  l’ensemble de la classe moyenne en formation, en expansion autour de la bourgeoisie. 4Rien de tout cela, certes, n’aurait Ă©tĂ© possible sans le roi. Mais l’absolutisme royal est seulement l’instrument de la volontĂ© du peuple. La sociĂ©tĂ© n’obĂ©it au roi que parce qu’elle commande. C’est elle qui fixe les objectifs la constitution patiente, progressive, d’une immense classe moyenne qui n’est rien d’autre que le tiers Ă©tat Ă©mancipĂ© et prospĂšre. L’absolutisme monarchique, en ce sens, n’est pas l’oppression de la sociĂ©tĂ© par le roi ; il exprime la volontĂ© sociale. C’est un mandat confiĂ© au roi, le moyen d’évincer les seigneurs qui exploitent les roturiers et de construire un État, une administration au service de la grande classe moyenne en formation dĂšs le Moyen Âge, et qui prendra le pouvoir en 1789. 5Cette classe moyenne en expansion est aussi une espĂ©rance, la terre promise de tous les exclus, de tous les prolĂ©tariats. Ainsi, la volontĂ© patiente d’élargir le groupe central des Français et, pour le tiers Ă©tat, de s’emparer directement du pouvoir, vient de loin. Il n’y aurait jamais eu de 1789 si la France profonde, dĂšs le Moyen Âge, ne s’était pas identifiĂ©e Ă  ce grand projet de l’intĂ©gration sociale. Pour le rĂ©aliser, la sociĂ©tĂ© eut longtemps besoin du roi et lui confia un pouvoir absolu. Le roi a reçu un mandat mettre au pas, par tous les moyens, les forces qui s’opposent Ă  la rĂ©alisation de ce programme, la noblesse et une partie du haut clergĂ©. Le pouvoir royal n’est absolu que dans la mesure oĂč il s’attaque Ă  la fĂ©odalitĂ©, aux fĂ©odalitĂ©s. Pour le reste, il est limitĂ© par les prĂ©rogatives de la sociĂ©tĂ©, par des rĂšgles, des privilĂšges » qui sont autant de signes de la vitalitĂ© sociale. Ce n’est pas de Dieu que le roi tient son pouvoir, mais de cette volontĂ© dĂ©cidĂ©e de la sociĂ©tĂ©. Ou plutĂŽt, le Dieu qu’on invoque n’est rien d’autre que la volontĂ© du peuple. 6Ce que veut le peuple, c’est un État, une forte administration capable de concrĂ©tiser les objectifs de la sociĂ©tĂ©. Pour Tocqueville, auteur de L’Ancien RĂ©gime et la RĂ©volution 1856, le tiers Ă©tat est parvenu Ă  subtiliser le gouvernement local, le pouvoir municipal, Ă  la fĂ©odalitĂ©, mais il est trop faible encore, trop Ă©miettĂ© pour exercer lui-mĂȘme le pouvoir politique gĂ©nĂ©ral. Il va donc, au Moyen Âge, le confier au roi, dĂ©nominateur de ses intĂ©rĂȘts. Toute l’histoire de France est donc celle d’une continuitĂ©, de l’extension de l’État centralisĂ©, de la mainmise de l’administration sur le corps social. Les conquĂȘtes administratives des rois de France sont le trait dominant de notre histoire. Toutes les forces qui s’opposent Ă  ce monopole sont anĂ©anties. Et d’abord la noblesse, ou plus prĂ©cisĂ©ment, le principe aristocratique, donc l’idĂ©e mĂȘme, la possibilitĂ© mĂȘme de la lĂ©gitimitĂ© d’une rĂ©sistance Ă  l’État. Le pouvoir central, devenu arbitraire, l’État, instrument de l’absolutisme, ne tolĂšrent plus les corps intermĂ©diaires. Victoire du principe dĂ©mocratique car les sociĂ©tĂ©s dĂ©mocratiques poussent au gouvernement centralisĂ© ; alors que les sociĂ©tĂ©s aristocratiques prĂŽnent la dĂ©centralisation, le gouvernement local. Au fond, Tocqueville voit dans l’existence d’une aristocratie, d’une Ă©lite au sens large, la garantie et le rempart de la libertĂ© ; alors que Guizot pense que l’aristocratie est un obstacle Ă  la libertĂ©. Mais pour les deux auteurs, l’histoire de France est bien celle de la croissance du pouvoir royal appuyĂ© d’en bas sur le tiers Ă©tat. 7En dĂ©finitive, le vĂ©ritable bĂ©nĂ©ficiaire des thĂ©ories absolutistes, ce n’est pas le roi mais l’État. La notion d’État se prĂ©cise, Ă  la fin du xvie et au dĂ©but du xviie siĂšcle, en mĂȘme temps que les doctrines absolutistes et chez les mĂȘmes auteurs Bodin, Coquille, Loyseau, Cardin Le Bret, Richelieu – et avec le sens que nous lui connaissons aujourd’hui. Pour ces auteurs, l’État prĂ©sente trois caractĂšres il est d’abord autonome, c’est-Ă -dire doublement indĂ©pendant ; indĂ©pendant des formes de gouvernement qu’il peut revĂȘtir monarchiques, aristocratiques, ou dĂ©mocratiques ; indĂ©pendant aussi des hommes qui le gouvernent ainsi en France, l’État n’appartient pas au roi qui en a simplement la responsabilitĂ©, son rĂšgne durant ; ensuite, l’État est souverain c’est Ă  lui, et non pas au roi, que la souverainetĂ© est attachĂ©e ; le roi ne fait qu’exercer au nom de l’État, l’autoritĂ© souveraine ; enfin, l’État est perpĂ©tuel d’oĂč procĂšde l’idĂ©e d’une permanence de l’administration, d’une continuitĂ© des lois et des traitĂ©s ; les rois s’en vont, tandis que l’État demeure. 1 Cette introduction reprend les considĂ©rations dĂ©veloppĂ©es dans notre ouvrage Histoire des institu ... 8À la fin de l’Ancien RĂ©gime, la fĂ©odalitĂ© a disparu depuis longtemps, l’État maintenant est fort, l’administration rĂ©guliĂšre et puissante. La sociĂ©tĂ© dĂ©sormais peut se passer du roi et envisager de gouverner directement l’État par l’intermĂ©diaire d’une Ă©lite bourgeoise. Le roi ne pouvait pas se passer de l’État, n’était rien sans lui ; mais l’État peut se passer du roi. C’est ce qui arrivera sous la RĂ©volution la royautĂ© disparaĂźt, mais l’État va continuer, de plus belle et sans elle, Ă  grandir et Ă  fructifier1. 2 Voir Paul Hazard, La crise de la conscience europĂ©enne 1680-1715, Paris, Boivin et Cie, 1935, t. ... 3 Thierry Maulnier, Introduction », dans Bernard de Fontenelle, Entretiens sur la pluralitĂ© des mon ... 9On n’en est pas lĂ  au dĂ©but du rĂšgne de Louis XIV, qui correspond au moment le plus brillant de la monarchie française. Cependant, tout va se dĂ©grader trĂšs vite Ă  partir des annĂ©es 1680. Ainsi que Paul Hazard l’a soulignĂ©, il y a longtemps dĂ©jĂ  les caractĂšres de l’esprit du xviiie siĂšcle se sont manifestĂ©s beaucoup plus tĂŽt qu’on ne le croit d’ordinaire ; on le trouve tout formĂ© Ă  l’époque oĂč Louis XIV Ă©tait encore dans sa force brillante et rayonnante ; Ă  peu prĂšs toutes les idĂ©es qui ont paru rĂ©volutionnaires vers 1760, ou mĂȘme vers 1789, s’étaient exprimĂ©es dĂ©jĂ  vers 16802 ». Et, en plein xviiie siĂšcle, Diderot dĂ©clarait Nous avons eu des contemporains sous le rĂšgne de Louis XIV. » Thierry Maulnier a pu affirmer Le vrai siĂšcle promĂ©thĂ©en de l’histoire des hommes n’est pas le xviiie siĂšcle, mais le xviie siĂšcle le siĂšcle oĂč quelques hommes, parvenus Ă  un degrĂ© d’audace, de rĂ©solution et de confiance dans l’exercice de la pensĂ©e qu’il faut bien dire superbe, osĂšrent prĂ©tendre, au nom de l’homme, Ă  la victoire absolue sur le mystĂšre universel et Ă  l’empire sans limites de la pensĂ©e mathĂ©matique sur les forces de la nature3. » Le long rĂšgne du Roi-Soleil a donc Ă©tĂ© divisĂ© en deux parties bien diffĂ©rentes la premiĂšre correspond Ă  l’affirmation de l’absolutisme et d’un classicisme dans toute sa force ; mais la seconde est marquĂ©e par le trouble des consciences, une mauvaise humeur presque gĂ©nĂ©rale et la diffusion d’un esprit de contestation qui, dĂ©sormais, et jusqu’à la RĂ©volution, ne cessera plus de se manifester. 1. Le point culminant de la monarchie absolue 1661-1685 10DĂšs 1661, quand il prend le pouvoir aprĂšs la mort de son mentor, le cardinal Mazarin, Louis XIV s’impose d’emblĂ©e comme le maĂźtre absolu. La Fronde, qui a troublĂ© le pays quelques annĂ©es auparavant, a dĂ©montrĂ©, s’il en Ă©tait besoin, que les oligarchies nobiliaires et parlementaires, dĂšs lors que le peuple Ă©tait maintenu Ă  l’écart, ne pouvaient remplacer la monarchie. Louis XIV gardait dans sa mĂ©moire le souvenir des misĂšres, des ruines et des massacres du milieu du siĂšcle. AppuyĂ© par le tiers Ă©tat, il dĂ©cida donc de gouverner par lui-mĂȘme avec l’aide d’un petit nombre de collaborateurs compĂ©tents. 11Son autoritĂ© est lĂ©gitimĂ©e par les publicistes, les thĂ©oriciens de l’État dont les noms ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s Bodin, Coquille, Loyseau, Cardin Le Bret et Richelieu. Elle est soutenue aussi par les apologistes de l’absolutisme dont le plus cĂ©lĂšbre est bien sĂ»r Bossuet, Ă©vĂȘque de Meaux et prĂ©cepteur du fils aĂźnĂ© de Louis XIV, le Grand Dauphin. Bossuet donne Ă  la doctrine absolutiste sa forme la plus achevĂ©e dans une sorte de cours destinĂ© Ă  son Ă©lĂšve, et rĂ©digĂ© entre 1670 et 1679 La politique tirĂ©e des propres paroles de l’Écriture sainte. La thĂšse de Bossuet repose sur l’idĂ©e que le roi reçoit son pouvoir directement de Dieu, sans l’intermĂ©diaire du peuple. Dieu lui-mĂȘme a choisi la dynastie qui gouverne la France, et ce choix est, au dĂ©but de chaque rĂšgne, symbolisĂ© par la cĂ©rĂ©monie du sacre, en la basilique de Reims. De cette thĂ©orie du droit divin » dĂ©coule l’affirmation que la monarchie française est une monarchie pure de tout alliage, de tout mĂ©lange avec d’autres formes de gouvernement, aristocratiques ou populaires. Les sujets sont, en consĂ©quence, privĂ©s de tout droit de contrĂŽle envers le roi. Ils sont soumis au roi comme ils doivent l’ĂȘtre Ă  Dieu, dont il est le lieutenant sur terre. L’obĂ©issance au monarque est un devoir sacrĂ©. 12Le roi va disposer d’une machine Ă©tatique dĂ©jĂ  perfectionnĂ©e et dont il va amĂ©liorer le fonctionnement rĂ©gulier. Ce systĂšme ignore la sĂ©paration des pouvoirs ; et la confusion des pouvoirs entre les mains du roi signifie au fond que les pouvoirs, plutĂŽt que de se limiter les uns les autres, sont associĂ©s et s’entraident en vue de faire triompher la souverainetĂ©. 4 Sur le Conseil du roi, voir Jacques Krynen, La maĂźtrise royale du Conseil du roi », dans Histoire ... 13Le roi gouverne par conseil. DĂšs le xiie siĂšcle, le recours au conseil est devenu une exigence de la pensĂ©e politique qui oblige le monarque. Le Conseil du roi est situĂ© au sommet de l’appareil d’État. IdentifiĂ© Ă  la personne mĂȘme du souverain, il est le centre nerveux du gouvernement. Gerson, chancelier de l’universitĂ© de Paris, proclame ainsi dans un discours de 1405 Vivat Rex Un roi sans un prudent conseil est comme la tĂȘte d’un corps sans yeux, sans oreilles et sans nez. » Louis XIV rappelle la nĂ©cessitĂ© pour le roi de tout voir, tout Ă©couter, tout connaĂźtre ». Il doit aussi, et surtout peut-ĂȘtre, s’entourer de conseils DĂ©libĂ©rer Ă  loisir, sur toutes les choses importantes, et en prendre de diffĂ©rentes gens, n’est pas, comme les sots se l’imaginent, un tĂ©moignage de faiblesse ou de dĂ©pendance, mais plutĂŽt de prudence et de soliditĂ©. » Les mĂȘmes recommandations se retrouvent dans ses MĂ©moires pour l’instruction du Dauphin oĂč il affirme que la discussion des matiĂšres se peut faire par eux [les conseillers], mais toutes les rĂ©solutions doivent ĂȘtre de vous [le futur roi] ». Au xviie siĂšcle, les conseils de gouvernement sont tous prĂ©sidĂ©s par le roi. Le Conseil d’en haut rĂšgle les grandes affaires dans un cercle restreint de quelques personnes soigneusement choisies. Devant le Conseil des dĂ©pĂȘches viennent les affaires administratives, les rapports et correspondances des intendants. Enfin, le Conseil royal des finances arrĂȘte la politique budgĂ©taire et fiscale montant de la taille, levĂ©e Ă©ventuelle de nouvelles taxes, Ă©quilibre du budget. Le principe du gouvernement par conseil est une originalitĂ© des institutions monarchiques. Le systĂšme est trĂšs souple puisque tout y dĂ©pend de la volontĂ© du roi. Sous Louis XIV, la suprĂ©matie du Conseil du roi sur les officiers, les commissaires et les corps intermĂ©diaires joue Ă  plein. En revanche, le roi depuis les Ă©vĂ©nements de la Fronde, se mĂ©fie des parlements et leur interdit de se parer du titre de cours souveraines ». En 1673, le roi ira mĂȘme jusqu’à interdire aux parlements d’émettre des remontrances prĂ©alablement Ă  l’enregistrement de ses ordonnances. C’est en vain que les parlements prĂ©tendent, et prĂ©tendront plus encore au xviiie siĂšcle, ĂȘtre le vrai Conseil du roi, le vĂ©ritable dĂ©pĂŽt des lois4 ». 14La centralisation se renforce inexorablement. Les provinces, les villes, aprĂšs leur rattachement au royaume, s’efforcent de conserver une part d’autonomie, des assemblĂ©es et des privilĂšges particuliers. Cependant, les libertĂ©s locales s’affaiblissent. Les Ă©tats provinciaux, rarement rĂ©unis, dominĂ©s par les agents du roi, n’offrent plus qu’un simulacre de libertĂ© locale. Le roi prend l’habitude de nommer les maires des grandes villes, ces Ă©chevins et ces consuls autrefois Ă©lus par les bourgeois du lieu. Les offices municipaux sont mis en vente. À la veille de la RĂ©volution, les libertĂ©s locales, provinciales et urbaines, ont cĂ©dĂ© presque partout sous le poids de la centralisation. 15L’instrument le plus efficace de cette centralisation, c’est l’intendant, sorte de lien permanent et solide entre le pouvoir central et la rĂ©alitĂ© locale. L’intendant est un commissaire » du roi il est donc susceptible d’ĂȘtre rĂ©voquĂ© ou dĂ©placĂ© sans garanties. Sur place, dans le cadre de sa gĂ©nĂ©ralitĂ© », cet ancĂȘtre du prĂ©fet napolĂ©onien et des technocrates actuels, dispose de trĂšs larges pouvoirs. 16Louis XIV entend Ă©galement contrĂŽler et surveiller les mouvements qui agitent la sociĂ©tĂ©. Il fera d’abord de la cour, comme on le sait, l’instrument d’abaissement de la noblesse. De cette noblesse française, ambitieuse, turbulente, travaillĂ©e par l’esprit d’intrigue et de trahison. Le roi imagina de la retenir et de la neutraliser dans une cour brillante oĂč les fĂȘtes, les bals, les rĂ©ceptions se succĂ©daient ; oĂč l’on se savait bien placĂ© pour obtenir du maĂźtre des faveurs et de grands emplois. Le roi saura Ă©galement faire de la guerre un ciment de l’unitĂ© nationale. La jeune noblesse, si ardente, sera enrĂŽlĂ©e dans l’armĂ©e et les campagnes militaires, les camps, les siĂšges en fixeront la loyautĂ© et stimuleront dans la nation entiĂšre la fiertĂ© du nom français. 17Enfin, le roi s’emploie Ă  surveiller les fluctuations de l’opinion publique. Cette opinion existait sans doute depuis toujours. Il y eut, d’ailleurs, des batailles d’opinion en plein Moyen Âge ainsi Étienne Marcel luttant contre le dauphin Charles, rĂ©vĂ©la en 1358 la force de l’opinion parisienne. Cette opinion Ă©tait pourtant trop versatile pour Ă©tablir dans la durĂ©e une vĂ©ritable emprise sur les Ă©vĂ©nements. Elle ne pouvait se soutenir longtemps dans l’opposition, puisque le tiers Ă©tat Ă©tait groupĂ© autour de son roi, de sa foi et de sa loi ; rassemblĂ© derriĂšre un monarque, seul garant de l’ordre et mainteneur de la paix. 18À la fin des guerres de Religion, l’opinion publique existe toujours, mais elle reste enfermĂ©e dans la gangue du systĂšme politique. Les Français ne conçoivent aucune alternative Ă  la monarchie, il n’est pas question de la renverser ; mais ils veulent un roi Ă  leur goĂ»t si Henri IV ne se convertit pas au catholicisme, il ne rĂ©gnera jamais. Tandis que dans le nord de l’Europe, la religion du prince s’impose au peuple, en France, c’est la religion du peuple que le prince devra adopter. L’opinion ne va pas au-delĂ , elle ne remet pas en cause le principe mĂȘme de la monarchie, d’une monarchie fidĂšle au mandat tacite que lui a confiĂ© la sociĂ©tĂ©. Un demi-siĂšcle plus tard, la Fronde Ă©clate des centaines de pamphlĂ©taires s’expriment ; Paris est un immense foyer de bavardages, de racontars, d’intrigues, de complots. S’il faut Ă  l’opinion un centre d’expression, ce centre existe bien ; mais le principe directeur et fĂ©dĂ©rateur de l’opinion fait dĂ©faut les Parisiens tournent autour du pouvoir royal sans parvenir Ă  s’en dĂ©tacher ; d’oĂč cette impression de flottement, de cacophonie. Ici encore l’esprit public, raisonnable et pondĂ©rĂ©, l’emporte ; car chacun sait, par-delĂ  les dĂ©bordements d’un instant, que personne, ni les parlements, ni la noblesse, ne peut exercer le pouvoir en France et maintenir l’ordre, sauf le roi. 19Reste que la monarchie a bien senti le danger, en dĂ©pit du mĂ©pris affichĂ© par la classe dirigeante pour l’opinion populaire. Cette opinion, il faut la canaliser, l’instrumentaliser, et, si le pouvoir manque son but, la rĂ©primer. Louis XIV, en ce domaine, n’a nĂ©gligĂ© aucun dĂ©tail. À partir de 1667, un lieutenant de Police » dĂ©ploie sa vigilance et son adresse et La Reynie, titulaire de ce poste, est reçu longuement et chaque semaine par le roi. Le courrier des particuliers est ouvert par la poste aux lettres, ce qui permet Ă  Louis XIV d’ĂȘtre informĂ© des affaires particuliĂšres, mĂȘme de moindre importance. La presse de l’Ancien RĂ©gime vit sous le rĂ©gime de l’autorisation prĂ©alable et du privilĂšge. Trois titres de journaux s’imposent et dominent Ă  cette Ă©poque la Gazette, le Journal des savants et le Mercure. 20La France, dans cette premiĂšre moitiĂ© du rĂšgne de Louis XIV, donne l’impression d’un bloc homogĂšne, d’une sociĂ©tĂ© qui rĂȘve d’accorder Ă  chacun une place stable aux paysans installĂ©s souvent depuis des siĂšcles sur des tenures, dont ils finissent par se considĂ©rer comme les vrais propriĂ©taires ; aux artisans-commerçants, qui dĂ©tiennent un monopole de leur mĂ©tier dans le cadre des groupements corporatifs ; aux officiers, propriĂ©taires de leur charge, grĂące au systĂšme de la vĂ©nalitĂ© des offices. Chacun est Ă  sa place dans un ensemble dont la cohĂ©sion est assurĂ©e au sommet par la tutelle bienveillante du roi appuyĂ© sur le tiers Ă©tat. 5 Paul Hazard, La crise de la conscience europĂ©enne, op. cit., t. I, Introduction », p. iii-iv. 21Cet ensemble qui, de maniĂšre un peu abstraite, tend Ă  une sorte d’harmonie et vise Ă  offrir Ă  chacun un port et un statut, correspond Ă  l’idĂ©al classique. Demeurer, Ă©viter tout changement qui risquerait de dĂ©truire un Ă©quilibre miraculeux, c’est le souhait de l’ñge classique. Elles sont dangereuses, les curiositĂ©s qui sollicitent une Ăąme inquiĂšte. Pascal dĂ©clare que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre. L’esprit classique, dans toute sa force, aime la stabilitĂ© ; il voudrait ĂȘtre la stabilitĂ© mĂȘme. La politique, la religion, la sociĂ©tĂ©, l’art, tout est soustrait aux discussions interminables, tout doit Ă©chapper Ă  la critique insatisfaite. On voudrait, s’il Ă©tait possible, arrĂȘter le temps5. Ce n’est pas que l’esprit d’examen soit anĂ©anti, il persiste chez les grands auteurs classiques, mais disciplinĂ©, amorti, puisqu’il s’agit de porter jusqu’à leur dernier point de perfection les chefs-d’Ɠuvre qui exigent une longue patience. Cet esprit d’examen subsiste aussi chez les rebelles, qui attendent dans l’ombre le moment de mener la contestation gĂ©nĂ©rale. Ce moment ne va pas tarder Ă  venir. 2. Le grand renversement 1685-1715 22Le dĂ©cor ne change pas dans la deuxiĂšme moitiĂ© du rĂšgne de Louis XIV, mais l’opinion publique se modifie et le climat intellectuel se transforme profondĂ©ment. À cet Ă©gard, deux dates significatives peuvent ĂȘtre retenues. 23En 1685, Louis XIV rĂ©voque l’édit de Nantes, chassant ainsi hors de France prĂšs de 500 000 protestants. Une Ă©lite intelligente et travailleuse doit s’exiler aux Pays-Bas, en Allemagne, en Angleterre ; de cuisantes humiliations sont infligĂ©es Ă  des milliers d’autres personnes. La rĂ©volte des camisards » des CĂ©vennes, au dĂ©but de la guerre de Succession d’Espagne, est une premiĂšre rĂ©plique. Durant trois ans, de 1701 Ă  1704, ces camisards rĂ©ussirent Ă  tenir la rĂ©gion et y Ă©tablirent une rĂ©publique ». L’opposition des protestants trouva de l’écho chez les jansĂ©nistes quand le roi, poussĂ© par ses scrupules et par son souci de l’unitĂ© morale du pays, ferma Port-Royal des Champs 1709, le fit raser 1712, et pourchassa les Ă©vĂȘques, les prĂȘtres, les fidĂšles qui ne s’inclinaient pas devant la bulle Unigenitus, par laquelle le pape ClĂ©ment XI condamnait solennellement, en 1713, le jansĂ©nisme. Dans ces conditions, une guerre religieuse commença, violente, impitoyable, haineuse. Rien ne rapproche davantage qu’une hostilitĂ© commune protestants et jansĂ©nistes, sans devenir amis, se firent alliĂ©s. Se joignirent Ă  eux une partie de la haute noblesse, Ă©cartĂ©e du premier cercle qui entourait le roi ; et surtout les parlementaires, qui en voulaient Ă  Louis XIV de leur avoir interdit de prĂ©senter des remontrances prĂ©alables en 1673, donc de se mĂȘler de politique, en les rĂ©duisant Ă  rendre la justice. Ces parlementaires gardaient aussi rancune au roi de s’ĂȘtre inclinĂ© devant Rome, car le gallicanisme, traditionnel dans ce corps, ne flĂ©chissait pas. Enfin, ces hommes graves, s’ils ne pouvaient attaquer de front le pouvoir royal, s’en prenaient Ă  la compagnie de JĂ©sus et la poursuivaient de leurs mauvais procĂ©dĂ©s. 24L’autre date importante est celle du dĂ©but de la guerre dite de la ligue d’Augsbourg, en 1688. Cette guerre se terminera en 1697 sans avantage dĂ©cisif. Lui succĂ©dera presque aussitĂŽt l’interminable lutte autour de la Succession d’Espagne entre 1701 et 1713. Ces conflits continuels devinrent vite impopulaires, car ils ruinaient le commerce, endeuillaient les familles, coĂ»taient trĂšs cher et entraĂźnaient un alourdissement des impĂŽts. L’économie stagnait et, mĂȘme, rĂ©gressait. Le royaume traversait une longue pĂ©riode de dĂ©flation. Les mauvaises rĂ©coltes et les famines de 1692 et surtout de 1709 engendrĂšrent la misĂšre et stimulĂšrent les mĂ©contentements. 25Tout semblait maintenant tourner au dĂ©savantage du roi. Mlle de Nantes, quatriĂšme enfant de Louis XIV et de Mme de Montespan, devenue Mme la Duchesse par son mariage avec le petit-fils du Grand CondĂ©, Ă©tait de ceux qui versifiaient contre le roi 6 CitĂ©e par Mathurin-François-Adolphe de Lescure, Les philippiques de La Grange-Chancel, Paris, Poule ... Tant que vous fĂ»tes libertin Vous Ă©tiez maĂźtre du destin, ! pourquoi changer de parti ? Landeriri6. 7 Paul Hazard, La crise de la conscience europĂ©enne, op. cit., t. I., Introduction », p. i. 26Ainsi, les assaillants l’emportaient peu Ă  peu. Quel contraste ! Quel brusque passage ! La hiĂ©rarchie, la discipline, l’ordre, que l’autoritĂ© monarchique se charge d’imposer, les dogmes qui rĂšglent fermement la vie telles Ă©taient les rĂšgles qu’aimaient les hommes du xviie siĂšcle. À partir de la fin du rĂšgne de Louis XIV, les contraintes, l’autoritĂ©, les dogmes, voilĂ  tout ce qui est, dĂ©sormais, objet de dĂ©testation7. Le roi perd le contrĂŽle de l’opinion publique et de la vie intellectuelle. La contestation s’élargit et se gĂ©nĂ©ralise Ă©galement au domaine politique il semble que le tiers Ă©tat, soutenu par de nombreux publicistes, fasse silencieusement sĂ©cession. 8 Sur les libertins et le libertinage, voir Antoine Adam, Les libertins au xviie siĂšcle, Paris, Buche ... 9 Voir Charles-Antoine Gidel, Étude sur la vie et les ouvrages de Saint-Évremond », dans Charles Hi ... 27La premiĂšre offensive est menĂ©e par ce qu’il est convenu d’appeler les libertins. La pensĂ©e indĂ©pendante, qui, depuis Montaigne, n’a jamais abdiquĂ©, se prĂ©cise au dĂ©but du xviie siĂšcle Ă  la suite des guerres de Religion. Une cabale libertine, qui unit souvent Ă  la libertĂ© d’esprit une extrĂȘme libertĂ© de mƓurs, se forme dĂšs 1615. TraquĂ©s par Richelieu, Ă©troitement surveillĂ©s par Louis XIV, les libertins doivent se cacher pendant de longues annĂ©es. Mais Ă  partir de 1680, lorsque l’autoritĂ© royale se relĂąche, ils apparaissent au grand jour, affermissent leurs convictions et se prĂ©parent Ă  la lutte. Le libertinage du xviie siĂšcle Ă©tait une attitude d’esprit, l’autonomie morale de l’homme libre par opposition Ă  l’homme soumis Ă  l’autoritĂ© religieuse8. Le reprĂ©sentant le plus caractĂ©ristique de ce courant de pensĂ©e, fondĂ© sur l’individualisme radical, est sans doute Saint-Évremond, dĂ©jĂ  fort ĂągĂ©, Ă  la fin du xviie siĂšcle. NĂ© en 1613, mort en 1703, Saint-Évremond traversa tout le Grand SiĂšcle. PrĂšs de la moitiĂ© de sa vie s’écoula dans l’exil, en Angleterre la plupart du temps, et pour une courte pĂ©riode en Hollande. À Londres, il passait le meilleur de sa vie dans la maison d’Hortense Mancini, duchesse de Mazarin, l’une des niĂšces du cardinal. Il se crĂ©a de nouvelles habitudes, de nouvelles relations. Aussi, lorsqu’en 1689, Louis XIV lui fit connaĂźtre qu’il pourrait rentrer en France, il refusa. Il continua de mener en Angleterre une existence agrĂ©able et demeura, jusqu’à ses derniers jours, Ă©picurien et homme d’esprit9. L’indĂ©pendance de pensĂ©e de Saint-Évremond s’exprime surtout en morale et en littĂ©rature. En morale, il est un disciple fervent d’Épicure. Le souverain bien consiste pour lui Ă  s’abandonner Ă  la bonne loi naturelle ». Il s’arrangea pour passer doucement sa vie, plus ami de l’indolence que spectateur d’une vertu rigide. La sagesse ne nous a Ă©tĂ© donnĂ©e, suivant lui, que pour nous mĂ©nager des heures agrĂ©ables. Le mot de vertu l’épouvante 10 Ibid., p. 65. L’état de la vertu n’est pas sans peine. On y souffre une contestation Ă©ternelle de l’inclination et du devoir. TantĂŽt on reçoit ce qui choque, tantĂŽt on s’oppose Ă  ce qui plaĂźt ; sentant presque toujours de la gĂȘne Ă  faire ce que l’on fait, et de la contrainte Ă  s’abstenir de ce qu’on ne fait pas. Celui de la sagesse est doux et tranquille. La sagesse rĂšgne en paix sur nos mouvements et n’a qu’à bien gouverner des sujets, au lieu que la vertu avait Ă  combattre des ennemis10. Saint-Évremond est donc un partisan dĂ©terminĂ© d’un individualisme assumĂ© et radical. 11 Parmi les Ă©ditions relativement rĂ©centes des Ɠuvres de Saint-Évremond qui nous intĂ©ressent ici, on ... 12 Bernard Le Bovier de Fontenelle est nĂ© le 11 fĂ©vrier 1657 Ă  Rouen. Sa mĂšre Ă©tait la sƓur de Pierre ... 13 François Bott, L’entremetteur..., op. cit., p. 21. 14 CitĂ© par François Bott, ibid., p. 86-87. 28Les progrĂšs de l’esprit d’examen dĂ©bouchent sur la contestation de la tradition et sur un scepticisme gĂ©nĂ©ralisĂ©. La tradition, illustrĂ©e par la coutume, fut longtemps considĂ©rĂ©e comme l’expression respectable de l’histoire et de l’expĂ©rience accumulĂ©e par les gĂ©nĂ©rations successives. Le traditionalisme du xviie siĂšcle juge qu’une proposition est vraie si elle est admise par le consentement universel. Tel n’est pas l’avis de Saint-Évremond, de Bayle, de Fontenelle, qui prĂ©sentĂšrent la tradition comme un amas de privilĂšges, de prĂ©jugĂ©s, de croyances absurdes, d’institutions inutiles ou nuisibles. La malice irrĂ©ligieuse de Saint-Évremond rĂ©duit la foi, dans la Conversation du marĂ©chal d’Hocquincourt avec le pĂšre Canaye, Ă  une croyance sans fondements raisonnables11. En 1684, dans son court traitĂ© De l’origine des fables, Fontenelle12 attribue la croyance au surnaturel Ă  l’ignorance des premiers hommes qui imaginĂšrent, pour expliquer les phĂ©nomĂšnes naturels, l’intervention de divinitĂ©s supĂ©rieures. À travers l’exemple des mythes paĂŻens, c’est, bien entendu, le christianisme qui est visĂ©. En 1687, l’auteur rouennais prolonge sa rĂ©flexion dans son Histoire des oracles. Les premiers chrĂ©tiens, nous dit-il, ont cru que les oracles paĂŻens Ă©taient l’Ɠuvre des dĂ©mons ; Fontenelle entend dĂ©montrer que les oracles ne pouvaient ĂȘtre rendus par les dĂ©mons puisqu’ils Ă©taient dus aux artifices des prĂȘtres qui exploitaient la crĂ©dulitĂ© des fidĂšles. Avec ses livres sur les oracles et sur les fables, il a Ă©crit une histoire de tous les mensonges. Il a dĂ©peint cette terrible crĂ©dulitĂ© humaine qui, venant de notre misĂšre et de notre faiblesse, nous fait admettre si facilement ce qui rĂ©pond Ă  nos espĂ©rances13. » Enfin, dans ses Entretiens sur la pluralitĂ© des mondes de 1686, Fontenelle met l’astronomie Ă  la portĂ©e du grand public cultivĂ©. Pour vulgariser le systĂšme de Copernic, il est amenĂ© Ă  rĂ©flĂ©chir sur quelques idĂ©es scepticisme Ă  l’égard de la mĂ©taphysique et du merveilleux, satire des hommes qui se croient au centre de l’univers et affirmation du relativisme. On trouve cette maxime dans ses Entretiens Il faut ne donner que la moitiĂ© de son esprit aux choses que l’on croit, et en rĂ©server une autre moitiĂ© libre, ou le contraire puisse ĂȘtre admis s’il en est besoin14. » 15 Ibid., p. 24. 29La dĂ©fĂ©rence quelque peu ironique avec laquelle Fontenelle s’incline Ă  l’avance devant la majestĂ© encore imposante du dogme est de style libertin. Les philosophes du xviiie siĂšcle, Ă©crit Thierry Maulnier, auront plus d’audace et de violence, mais cette dĂ©sinvolture dans le respect, ces phrases de soumission Ă©crites sur des pages oĂč il est aisĂ© de discerner les filigranes de l’insolence, tout cela ne peut nous tromper Fontenelle est dĂ©jĂ  de leur camp15. » La vocation de Fontenelle Ă©tait prĂ©cisĂ©ment de mĂ©nager les premiĂšres entrevues entre le vieux xviie siĂšcle et le jeune xviiie. 16 Pierre Bayle est nĂ© en 1647 dans un village des PyrĂ©nĂ©es. Son pĂšre Ă©tait pasteur de l’Église rĂ©form ... 30Pierre Bayle est Ă©galement d’un scepticisme radical en philosophie, comme le montre son Dictionnaire historique et critique, recueil d’articles concernant des noms propres historiques ou gĂ©ographiques16. De cette Ă©norme compilation se dĂ©gage l’impression que l’histoire humaine regorge de crimes. D’oĂč le scepticisme Ă  peu prĂšs total de Bayle. La contradiction perpĂ©tuelle des tĂ©moignages, l’incertitude mĂȘme qui pĂšse sur les faits historiques aboutissent Ă  ruiner l’histoire et donnent l’impression que les opinions opposĂ©es sont Ă©galement incertaines ; cette incertitude des connaissances et des interprĂ©tations est le fondement de la tolĂ©rance. Par-lĂ , Bayle est le pĂšre des philosophes du xviiie siĂšcle, qui puiseront sans cesse dans son Dictionnaire. Voltaire est imprĂ©gnĂ© de son Ɠuvre, et l’EncyclopĂ©die est inspirĂ©e par la mĂ©thode et par l’esprit de son Dictionnaire. 17 Il y a, chez Fontenelle, une conviction trĂšs forte rien n’est certain or ce qui est dĂ©montrĂ© par ... 18 Cette croyance dans le progrĂšs dĂ©bouche chez Fontenelle sur une forme d’optimisme rationnel Un ... 31Le scepticisme Ă©branle la tradition et la religion ; en revanche, il respecte l’expĂ©rience scientifique et a tendance Ă  tout examiner Ă  la lumiĂšre de la raison pour en tirer des conclusions pratiques. Telle Ă©tait dĂ©jĂ  l’attitude des libertins vers le milieu du xviie siĂšcle. Tel est aussi le souci de Fontenelle qui, dans ses Entretiens manifeste sa foi dans la mĂ©thode scientifique17 et affirme sa croyance au progrĂšs qui fera de l’homme le maĂźtre de la nature18. Le propos de Pierre Bayle est du mĂȘme ordre. Dans ses PensĂ©es sur la comĂšte 1682, il affirme la primautĂ© de l’expĂ©rience et de l’esprit scientifique, l’incompatibilitĂ© entre le mystĂšre religieux et la raison. 32Libertinage, poussĂ©e de l’individualisme et de l’esprit d’examen, scepticisme dĂ©terminĂ©, foi dans la raison humaine, dans le dĂ©veloppement de la science et du progrĂšs ainsi, Ă  peu prĂšs toutes les attitudes mentales dont l’ensemble aboutira Ă  la RĂ©volution française ont Ă©tĂ© adoptĂ©es avant la fin du rĂšgne de Louis XIV. Passage de la stabilitĂ© au mouvement. DĂšs que le classicisme a cessĂ© d’ĂȘtre un effort, une volontĂ©, une adhĂ©sion rĂ©flĂ©chie, pour se transformer en habitudes et en contraintes, les tendances contestataires et novatrices, toutes prĂȘtes, ont repris leur force et leur Ă©lan. Les discussions se tendent et s’aigrissent ; et les autoritĂ©s perdent progressivement le contrĂŽle de la vie intellectuelle. Il y a, cependant, plus grave encore le contrat tacite entre le roi et son peuple, qui faisait du monarque le rempart et le dĂ©fenseur du tiers Ă©tat, ce contrat a perdu sa valeur fondamentale. Le roi, pas plus qu’il ne contrĂŽle l’opinion publique et la vie intellectuelle, ne peut dĂ©sormais empĂȘcher la vie politique de se dĂ©ployer en dehors de son emprise. 33Les auteurs les plus pĂ©nĂ©trants soulignent d’abord que le tiers Ă©tat, souvent repoussĂ© Ă  la marge des interprĂ©tations politiques, est bien au cƓur de la vie sociale. Vauban montre par exemple l’importance dĂ©terminante du tiers Ă©tat et surtout des couches populaires 19 SĂ©bastien Le Prestre de Vauban, Projet d’une dĂźme royale..., s. l., 1707, p. 17. C’est encore la partie basse du peuple, Ă©crit-il, qui, par son travail et son commerce, et par ce qu’elle paie au roi, l’enrichit et tout son royaume ; c’est elle qui fournit tous les soldats et matelots de ses armĂ©es de terre et de mer, et grand nombre d’officiers, tous les marchands et les petits officiers de judicature ; c’est elle qui remplit tous les arts et mĂ©tiers ; c’est elle qui fait tout le commerce et les manufactures de ce royaume, qui fournit tous les laboureurs, vignerons et manouvriers de la campagne ; qui garde et nourrit les bestiaux ; qui sĂšme les blĂ©s et les recueille ; qui façonne les vignes et fait le vin ; et pour achever de le dire en peu de mots, c’est elle qui fait tous les gros et menus ouvrages de la campagne et des villes. VoilĂ  en quoi consiste cette partie du peuple, si utile et si mĂ©prisĂ©e, qui a tant souffert, et qui souffre tant Ă  l’heure que j’écris ceci19. 34Cet extrait capital est tirĂ© de l’ouvrage majeur de Vauban, le Projet d’une dĂźme royale, Ă©crite en 1699 et imprimĂ©e en 1707, l’annĂ©e de la mort de son auteur. 35Or le tiers Ă©tat est mal gouvernĂ©. Des rĂ©formes sont donc indispensables. Les prĂ©conisations sont ici multiples. FĂ©nelon, l’auteur des Aventures de TĂ©lĂ©maque 1699, se retranche derriĂšre l’éloquence sacrĂ©e pour marquer son hostilitĂ© profonde Ă  Louis XIV et Ă  son absolutisme 20 François de FĂ©nelon, Les Aventures de TĂ©lĂ©maque, fils d’Ulysse..., Leyde-Amsterdam, Wetstein-Chatel ... Avez-vous cherchĂ© les gens les plus dĂ©sintĂ©ressĂ©s et les plus propres Ă  vous contredire ? Avez-vous pris soin de faire parler les hommes les moins empressĂ©s Ă  vous plaire, les plus dĂ©sintĂ©ressĂ©s dans leur conduite, les plus capables de condamner vos passions et vos sentiments injustes ? Quand vous avez trouvĂ© des flatteurs, les avez-vous Ă©cartĂ©s ? Vous en ĂȘtes-vous dĂ©fiĂ© ? Non, non, vous n’avez point fait ce que font ceux qui aiment la vĂ©ritĂ©, et qui mĂ©ritent de la connaĂźtre. Pendant que vous aviez au dehors tant d’ennemis qui menaçaient votre royaume encore mal Ă©tabli, vous ne songiez au-dedans de votre nouvelle ville qu’à y faire des ouvrages magnifiques... Vous avez Ă©puisĂ© vos richesses ; vous n’avez songĂ© ni Ă  augmenter votre peuple ni Ă  cultiver les terres fertiles... Une vaine ambition vous a poussĂ© jusques au bord du prĂ©cipice. À force de vouloir paraĂźtre grand, vous avez pensĂ© ruiner votre vĂ©ritable grandeur20... 36L’attaque est violente. FĂ©nelon sera bientĂŽt disgraciĂ© et exilĂ© » dans son archevĂȘchĂ© de Cambrai. 37NĂ©anmoins, les rĂ©formes prĂ©conisĂ©es par FĂ©nelon ne vont pas dans le sens de l’émancipation du tiers Ă©tat. On voit bien, Ă  lire son texte, que le peuple est ici l’objet de la sollicitude du prĂ©lat, et non pas le sujet actif et l’artisan de son propre destin. FĂ©nelon, en effet, prĂ©pare avec ses amis de la haute noblesse, les ducs de Chevreuse, de Beauvilliers et de Saint-Simon un plan de gouvernement, les Tables de Chaulnes 1711, comportant la restauration des gouverneurs, des Ă©tats gĂ©nĂ©raux et provinciaux dotĂ©s de pouvoirs lĂ©gislatifs et administratifs, dominĂ©s par la noblesse. Ce projet qu’on peut, sans hĂ©sitation qualifier de rĂ©trograde », comporte aussi la suppression des intendants. La rĂ©volution des ducs et pairs prĂ©conisĂ©e par FĂ©nelon annonce toute une sĂ©rie de projets d’inspiration aristocratique, qui vont prolifĂ©rer au xviiie siĂšcle. 21 Sur Boisguilbert, on peut consulter Jacqueline Hecht, Pierre de Boisguilbert ou la naissance de l ... 38Les vues de Vauban et de Boisguilbert sont d’une portĂ©e bien diffĂ©rente. Vauban voudrait rĂ©habiliter le menu peuple », le soulager par une rĂ©partition plus Ă©quitable des impĂŽts, sans exemption ni privilĂšge la dĂźme royale », payĂ©e par tous, porterait aussi bien sur les revenus de toutes les professions salaires, industries, immeubles que sur les produits de la terre. Une dĂźme Ă©tablie sans arbitraire coĂ»terait moins et rendrait plus. Boisguilbert, lieutenant-gĂ©nĂ©ral au bailliage de Rouen a publiĂ© en 1697 un ouvrage d’un esprit tout nouveau, qui Ă©tudie l’origine de la richesse et de la prospĂ©ritĂ© Ă©conomique, Le DĂ©tail de la France, sous-titrĂ© La cause de la diminution de ses biens et la facilitĂ© du remĂšde. L’appauvrissement de la France rĂ©sulte, selon l’auteur, de l’abandon de la culture et de la sous-consommation, idĂ©e qui sera reprise par les physiocrates. Boisguilbert montre que la France, jadis le plus riche royaume du monde, a perdu une part importante de ses revenus annuels ; et ce dĂ©ficit augmente sans cesse. La taille est si injustement rĂ©partie qu’elle pĂšse sur les pauvres en Ă©pargnant les riches ; les pauvres sont devenus misĂ©rables, le royaume tout entier court vers sa perte. Il suggĂšre en consĂ©quence la suppression des douanes intĂ©rieures et, pour la premiĂšre fois, la rĂ©partition de l’impĂŽt selon les revenus21. 39Boisguilbert et Vauban, loin d’ĂȘtre des rĂ©voltĂ©s, cherchent Ă  assainir les finances et Ă  procurer au roi les ressources qu’il recherche dĂ©sespĂ©rĂ©ment. Ils n’en agissent pas moins en intrus qui empiĂštent sur un domaine, autrefois rĂ©servĂ© le Projet d’une dĂźme royale sera condamnĂ© au feu. Mais il est remarquable qu’à la fin du siĂšcle, sous un rĂ©gime absolu, des Ă©crivains aient voulu rappeler le roi Ă  ses devoirs et lui suggĂ©rer des rĂ©formes. L’esprit français s’oriente vers d’autres conceptions du gouvernement. 22 Par exemple dans le volume Économistes-financiers du xviiie siĂšcle [Vauban, Boisguilbert, Jean Law, ... 40Le roi se trouvait Ă©galement dĂ©possĂ©dĂ© par une affirmation Ă©tonnante, rĂ©sumĂ©e en une formule dans les Ă©ditions du xixe siĂšcle Les lois de l’ordre Ă©conomique ne se violent jamais impunĂ©ment22. » Le roi aura beau faire, il ne peut, tout absolu que soit son pouvoir, violer impunĂ©ment les lois Ă©conomiques. On est ici, dĂšs la fin du xviie siĂšcle, au commencement de cette science Ă©conomique qui se dĂ©ploiera une cinquantaine d’annĂ©es plus tard. 41Le roi est encore dĂ©possĂ©dĂ© par la pensĂ©e politique d’origine anglaise. Louis XIV Ă©tait le reprĂ©sentant glorieux du droit divin. Par une thĂ©orie toute diffĂ©rente de celle de Bossuet, Hobbes soutenait de mĂȘme la nĂ©cessitĂ© du pouvoir absolu, le LĂ©viathan. Le droit naturel va naĂźtre d’une philosophie qui nie le surnaturel, le divin, et substitue l’ordre immanent de la nature Ă  l’action et Ă  la volontĂ© personnelle de Dieu. John Locke, en politique, a combattu la thĂ©orie du droit divin dans son livre de 1689 Deux traitĂ©s de gouvernement. Selon lui, en droit naturel, les hommes sont libres et Ă©gaux ; c’est en vertu d’un pacte social qu’ils dĂ©lĂšguent le pouvoir Ă  une autoritĂ© pour qu’elle protĂšge cette libertĂ© et cette Ă©galitĂ© primitives. Le gouvernement doit donc ĂȘtre Ă©lu et, Ă  la mode anglaise, garantir la libertĂ© du peuple par la sĂ©paration des pouvoirs. 23 Paul Hazard, op. cit., t. I, Introduction », p. iv-v. 42De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le principe d’autoritĂ© est remis en cause. On insistait, dans l’ancienne France, sur les devoirs de l’homme envers les communautĂ©s auxquelles il appartient la communautĂ© humaine, d’oĂč le respect de ses devoirs envers Dieu ; la communautĂ© familiale, d’oĂč l’obĂ©issance due par la femme Ă  son mari et par les enfants Ă  leurs parents ; la communautĂ© politique, d’oĂč le devoir d’obĂ©issance au roi, lieutenant de Dieu sur terre. À l’énumĂ©ration des devoirs, la philosophie nouvelle va prĂ©fĂ©rer l’énoncĂ© des droits de l’ĂȘtre humain droits de la conscience individuelle, droits de la raison, droits de la critique, droits de l’homme et du citoyen23. Ces droits sont universels et imprescriptibles. Quant Ă  l’autoritĂ© qui rĂšgle arbitrairement les rapports des sujets et du prince, elle doit ĂȘtre rejetĂ©e et remplacĂ©e par un droit nouveau, d’oĂč sortira peut-ĂȘtre le bonheur, un droit politique qui fixe les rapports sociaux avec l’idĂ©e que ce sont les peuples eux-mĂȘmes qui dirigent leur propre destin. 43En dĂ©pit des interdictions et des censures, l’effervescence intellectuelle semble irrĂ©pressible. Les vieilles thĂ©ories du droit divin sont submergĂ©es par des reprĂ©sentations politiques nouvelles qui prĂ©figurent, par leur audace, les grands dĂ©bats de la deuxiĂšme moitiĂ© du xviiie siĂšcle. Paradoxalement, l’essentiel n’est peut-ĂȘtre pas lĂ  ; Ă©crivains et publicistes ne lancent des Ă©crits de portĂ©e significative que dans la mesure oĂč ils portent la parole et les aspirations du tiers Ă©tat. Or, la sociĂ©tĂ© française, dans ses derniĂšres annĂ©es du rĂšgne de Louis XIV, est silencieuse. Le temps des barricades, des soulĂšvements, des Ă©motions populaires est terminĂ© depuis longtemps. La sociĂ©tĂ© n’est pas pour autant subjuguĂ©e ; son silence est lourd de rĂ©probation. Il n’est pas excessif de prĂ©tendre que le mandat tacite qui liait la monarchie et le tiers Ă©tat depuis deux siĂšcles ne vaut plus. Les contemporains n’en avaient peut-ĂȘtre pas parfaitement conscience. Selon la fameuse formule de Marx, les hommes ne savent pas l’histoire qu’ils font ». Les historiens, ici, ont un avantage avec un recul de trois siĂšcles, il leur est plus facile de dĂ©mĂȘler l’écheveau des Ă©vĂ©nements et de leur signification. On devine mieux aujourd’hui que la confiance perdue entre le roi et son peuple ne se rĂ©tablira pas, et que la RĂ©volution est en marche. Le tiers Ă©tat a trop souffert au cours des trente annĂ©es qui finissent le rĂšgne la stagnation Ă©conomique, la misĂšre, suite des mauvaises rĂ©coltes, des guerres et des accidents climatiques, la lourdeur des impĂŽts, l’isolement du roi, tout a contribuĂ© Ă  dĂ©tourner les Français d’un monarque lointain, et qui paraĂźt indiffĂ©rent. Le roi est enfermĂ© Ă  Versailles, entourĂ© d’une petite cour de favoris, d’une oligarchie de privilĂ©giĂ©s, coupĂ©s des rĂ©alitĂ©s sociales. Les gens subissent en silence, avec patience, les mauvais procĂ©dĂ©s des autoritĂ©s. Mais leur confiance dans leur roi est Ă©branlĂ©e, elle est mĂȘme perdue et ne reviendra plus. Et c’est sous les huĂ©es de la foule des badauds que le corbillard du roi s’acheminera de Versailles Ă  la nĂ©cropole de Saint-Denis. 44Tout est donc fini en 1715. Le roi, pourtant, continue Ă  jouer imperturbablement son rĂŽle sur le théùtre d’ombres qu’est devenu son palais. Avec une montre, dit Saint-Simon, on peut savoir Ă  toute heure du jour quelle est l’occupation et l’emploi du temps du roi. La machine monarchique fonctionne sans Ă -coups le jeu alterne avec la promenade dans les jardins, les rĂ©unions avec les ministres suivent la messe et la chasse prĂ©cĂšde souvent le souper. Dans l’accomplissement de sa tĂąche, Louis XIV fait preuve d’un vĂ©ritable hĂ©roĂŻsme ; ainsi, trois semaines avant sa mort, debout pendant deux heures dans la galerie des Glaces, il reçoit l’ambassadeur de Perse, alors que sa jambe est dĂ©jĂ  attaquĂ©e par la gangrĂšne. S’il s’applique, c’est qu’il semble croire Ă  la durĂ©e de son Ɠuvre. Rien ou presque ne nous autorise Ă  croire que, pour le roi, Ă  l’heure de disparaĂźtre, la digue dressĂ©e au prix de tant d’efforts ne tiendra pas mieux que le chĂąteau fort des enfants anĂ©anti par la marĂ©e du soir. Il y a aussi ces paroles prĂȘtĂ©es par la tradition au roi moribond Je m’en vais, mais l’État subsistera toujours ». 24 CitĂ©e par Henry de Montherlant, Va jouer avec cette poussiĂšre. Carnets 1958-1964, Paris, Gallimard, ... 45Il est vrai que l’État s’est structurĂ© et affermi au cours de ce long rĂšgne, que l’appareil administratif, sans ĂȘtre, et de loin, aussi perfectionnĂ© qu’aujourd’hui, a poussĂ© ses tentacules jusqu’aux extrĂ©mitĂ©s du corps social. Mais si l’État se renforce, la monarchie, elle, est gravement dĂ©lĂ©gitimĂ©e, frappĂ©e d’une maladie de langueur qui la conduira Ă  la mort. Cette situation nouvelle, le roi ne paraĂźt pas en avoir mesurĂ© la gravitĂ©. Il n’est pas possible de dire que Louis XIV eĂ»t pu reprendre Ă  son compte cette dĂ©claration de PompĂ©e, rapportĂ©e par Dion Cassius Tu te souviens de ces serpents qui, quand nous arrivĂąmes en Épire, effaçaient derriĂšre nous la trace de nos pas ? D’autres serpents viendront, et tout sera effacĂ©24. »
dela diversité de la vie des femmes et de leurs contributions à la société dans un monde en changement. Les produits médiatiques violents, humiliants et pornographiques, ainsi que ceux qui renforcent le rÎle traditionnel des femmes, exercent une influence négative sur les femmes et leur participation à la société (article 236). L
La guerre qui fait actuellement rage aux portes de l’Europe rĂ©veille les fantĂŽmes d’autres conflits qui ont marquĂ© la littĂ©rature. À la fois Ă©crivains et soldats, ils ont racontĂ© ce qu’ils ont vu, Ă©crit leurs traumatismes et leurs dĂ©sillusions. Ce sont les Ă©crivains dans la guerre. Pour ce premier texte de notre sĂ©rie Écrivains dans les tranchĂ©es », Le Devoir se penche sur Stendhal, TolstoĂŻ et Barbusse. Depuis que le monde est monde, guerreet littĂ©rature se sont nourries l’une l’autre, de l’ÉpopĂ©e de GilgameshĂ  L’iliade, de La chanson de Roland aux RĂ©cits de SĂ©bastopol. La guerre a bien sĂ»r inspirĂ© aussi nombre d’écrivains qui ont vu le feu, le coeur au ventre et les armes Ă  la main. Ils ont Ă©tĂ© conscrits ou volontaires, officiers ou poilus » pataugeant dans le sang et la boue des tranchĂ©es, correspondants de guerre ou propagandistes. Mais lorsque l’idĂ©e de la guerre — nourrie de gloire militaire, de fiĂšvre patriotique gonflĂ©e par les gouvernements et les va-t-en-guerre — et sa rĂ©alitĂ© s’entrechoquent, les dĂ©sillusions peuvent ĂȘtre foudroyantes. Le 7 mai 1800, sans uniforme et sans fonction, sans mĂȘme savoir monter Ă  cheval, mais cherchant l’aventure, le jeune Henri Beyle, qui se fera plus tard connaĂźtre sous le nom de plume Stendhal 1783-1842, franchit le col du Grand-Saint-Bernard dans les Alpes avec les 55 000 hommes de NapolĂ©on Bonaparte pour la deuxiĂšme campagne d’Italie. Au son des canons autrichiens, c’est un adolescent fou d’émotion » qui dĂ©couvre le feu. C’était une espĂšce de pucelage qui me pesait autant que l’autre », raconte-t-il dans Vie de Henry Brulard. À ces premiĂšres et seules impressions de la guerre, aussi brĂšves que chaotiques, font Ă©cho les dĂ©sillusions de Fabrice Del Dongo dans La chartreuse de Parme 1839. La tĂȘte pleine d’idĂ©aux, le hĂ©ros de 17 ans quitte Milan en catimini pour aller rejoindre l’armĂ©e de NapolĂ©on Ă  Waterloo. Le jour de la bataille, le 18 juin 1815, dĂ©terminĂ© Ă  se battre malgrĂ© son inexpĂ©rience complĂšte, le fugueur s’excite en entendant le bruit des canons et le sifflement des balles Ah ! M’y voici donc au feu ! se dit-il. J’ai vu le feu ! se rĂ©pĂ©tait-il avec satisfaction. » Mais peu de temps aprĂšs, des hommes de son propre camp le font descendre de son cheval et lui prennent sa monture, emportant du mĂȘme coup ses beaux rĂȘves d’amitiĂ© chevaleresque et sublime, comme celle des hĂ©ros de la JĂ©rusalem dĂ©livrĂ©e ». Face Ă  l’incroyable chaos du champ de bataille, ses rĂȘves de camaraderie et de gloire militaire s’envolent en fumĂ©e — comme une grande partie de sa naĂŻvetĂ© d’enfant. Sous les mensonges de l’hĂ©roĂŻsme C’est un peu la mĂȘme rĂ©vĂ©lation qui va frapper TolstoĂŻ pendant la guerre de CrimĂ©e 1853-1856, un conflit presque mondial qui va opposer l’Empire russe Ă  une coalition formĂ©e de l’Empire ottoman, de l’Empire français, du Royaume-Uni et du royaume de Sardaigne. Le 7 novembre 1854, gonflĂ© d’idĂ©aux Ă©piques et de foi patriotique, le comte TolstoĂŻ, capitaine en second de 27 ans, arrive en CrimĂ©e pour dĂ©fendre la ville de SĂ©bastopol. La rĂ©alitĂ© va s’imposer Ă  TolstoĂŻ, lui qui Ă©tait dĂ©sormais plongĂ© pour de vrai dans l’enfer de la guerre, aprĂšs avoir Ă©tĂ© postĂ© trois ans dans le Caucase Ă  ne pas faire grand-chose. TolstoĂŻ dĂ©laisse vite l’écriture de la troisiĂšme partie de ses Souvenirs Jeunesse pour se consacrer plutĂŽt Ă  dĂ©crire ce qu’il voit et Ă  ce qu’il rĂ©cits seront publiĂ©s Ă  chaud » dans la revue Le Contemporain, de NikolaĂŻ Nekrassov, et vont faire grand effet, y compris dans l’entourage du tsar. Le ton plutĂŽt exaltĂ© et patriotique du premier de ses RĂ©cits de SĂ©bastopol, dans lequel TolstoĂŻ voit en CrimĂ©e des hĂ©ros dignes de laGrĂšce », malgrĂ© les scĂšnes d’horreur qu’on y trouve, fera place aux doutes et Ă  la luciditĂ©. Une quĂȘte de vĂ©ritĂ© aux accents parfois mystiques oĂč le futur auteur de La guerre et la paix cherche Ă  montrer ce qui se cache sous les mensonges de l’hĂ©roĂŻsme lorsqu’on le dĂ©pouille de tout sentimentalisme dĂ©bandades, paresse et couardise, petitesse et intrigues des Ă©tats-majors. Ce ne sera pas la guerre sous ses dehors rĂ©guliers, sĂ©duisants et brillants, avec accompagnement de musique et de tambours, avec drapeaux dĂ©ployĂ©s et gĂ©nĂ©raux qui caracolent, que vous aurez sous les yeux, mais la guerre sous sa forme rĂ©elle, le sang, les souffrances, la mort », Ă©crit-il dans SĂ©bastopol en mai. Son expĂ©rience en CrimĂ©e marquera un tournant dans la vie et l’oeuvre de TolstoĂŻ. Faire la guerre Ă  la guerre Aucun conflit n’aura peut-ĂȘtre Ă©tĂ© plus Ă©crit » que la PremiĂšre Guerre mondiale. Une boucherie » amorcĂ©e le 3 aoĂ»t 1914 et dont on Ă©value le bilan, tous pays confondus, Ă  prĂšs de 19 millions de morts — dont la moitiĂ© sont des civils. En France seulement, cette inflation littĂ©raire est notamment attribuable au dĂ©veloppement du systĂšme scolaire national Ă  la fin du XIXe siĂšcle, qui a fait reculer l’analphabĂ©tisme, ainsi qu’à l’ampleur de la mobilisation et Ă  la moyenne d’ñge plutĂŽt Ă©levĂ©e des soldats mobilisĂ©s plus de 8 millions, seulement pour la France. TĂ©moin majeur de la Grande Guerre, Henri Barbusse 1873-1935, dĂ©jĂ  auteur de deux romans, a 41 ans en dĂ©cembre 1914 lorsqu’il se porte volontaire dans l’infanterie, malgrĂ© ses problĂšmes pulmonaires. Écrit dans l’urgence en six mois et publiĂ© en feuilleton dans L’Oeuvre dĂšs le mois d’aoĂ»t 1916, Le feu, sous-titrĂ© Journal d’une escouade, s’appuie sur son expĂ©rience personnelle du front au cours des 22 mois qu’il a passĂ©s dans les tranchĂ©es. Le rĂ©cit sera publiĂ© en un volume peu de temps aprĂšs, et obtiendra la mĂȘme annĂ©e le prix Goncourt, alors que la PremiĂšre Guerre mondiale faisait toujours rage. Barbusse y raconte la vie quotidienne d’une escouade composĂ©e d’une vingtaine de soldats dans les tranchĂ©es, des poilus » Ă  mille lieues des hĂ©ros Ă©piques d’antan, bercĂ©s par le tic-tac monotone des coups de fusil et le ronron des coups de canon ». Une oeuvre dont le rĂ©alisme brut va choquer ses contemporains tout en essuyant de nombreuses critiques, qui lui reprocheront entre autres de miner le moral des troupes. L’expĂ©rience de la guerre de Barbusse viendra cristalliser son pacifisme — et peut-ĂȘtre nourrir son adhĂ©sion militante au Parti communiste —, lui qui sera l’un des instigateurs du mouvement pacifiste Amsterdam-Pleyel, dont il deviendra le prĂ©sident avec l’écrivain français Romain Rolland, Prix Nobel de littĂ©rature en 1915. En y dĂ©nonçant les trente millions d’esclaves jetĂ©s les uns sur les autres par le crime et l’erreur, dans la guerre de la boue », Barbusse entendait faire la guerre Ă  la guerre ». À voir en vidĂ©o Voicitoutes les solution Écrivain critiquant la sociĂ©tĂ© et les hommes. CodyCross est un jeu addictif dĂ©veloppĂ© par Fanatee. Êtes-vous Ă  la recherche d'un plaisir sans fin dans cette application de cerveau logique passionnante? Chaque monde a plus de 20 groupes avec 5 puzzles chacun. AMIEL HENRI-FRÉDÉRIC 1821-1881 L'essentiel de l'Ɠuvre aujourd'hui reconnue d'Amiel est son Journal intime, dont il n'avait publiĂ© de son vivant que de courts extraits. En ce sens, sa figure littĂ©raire a Ă©tĂ© totalement modifiĂ©e, et mĂȘme rĂ©vĂ©lĂ©e, par la postĂ©ritĂ©, et il peut faire figure d'Ă©crivain pur, Ă  la fois sĂ©parĂ© de son Ɠuvre, dont il ne pouvait connaĂźtre la figure Ă  venir, et consub [
] Lire la suite BOUVIER NICOLAS 1929-1998 Écrit par Anne-Marie JATON ‱ 837 mots ‱ 1 mĂ©dia Écrivain suisse, voyageur, photographe et poĂšte, Nicolas Bouvier est nĂ© le 6 mars 1929 au Grand-Lancy, prĂšs de GenĂšve, dans un milieu cultivĂ©, marquĂ© du cĂŽtĂ© de sa mĂšre par un protestantisme sĂ©vĂšre dont il se dĂ©barrassera plus tard. Son pĂšre amĂšne Ă  la maison les cĂ©lĂ©britĂ©s qui frĂ©quentent la bibliothĂšque universitaire dont il est vice-directeur. Le jeune Nic [
] Lire la suite CENDRARS BLAISE 1887-1961 Écrit par Yvette BOZON-SCALZITTI ‱ 1 248 mots ‱ 1 mĂ©dia Blaise Cendrars pseudonyme de FrĂ©dĂ©ric Sauser-Hall, nĂ© Ă  La Chaux-de-Fonds Suisse, mort Ă  Paris, est l'Ă©crivain victime de la lĂ©gende qu'il a lui-mĂȘme créée et que ses amis, ses critiques ont enrichie lĂ©gende de l'homme d'action, de l'aventurier Ă©pris de la vie, et de la vie dangereuse, dĂ©daigneux de l'art et des artistes, n'aimant rien tant que bourlinguer et ne dĂ©testant rien tant qu'Ă©crir [
] Lire la suite CHAPPAZ MAURICE 1916-2009 Écrit par Christophe CARRAUD ‱ 823 mots Maurice Chappaz naĂźt Ă  Lausanne dans une famille de bourgeois et de notaires valaisans solidement paysans ; cette ascendance Ă  la fois l'encombre et l'envoĂ»te. Entre l'ordre de l'action sur les choses et celui de l'enchantement oĂč la vie se rĂȘve, il y aura toujours, dans l'ensemble d'une Ɠuvre qui s'Ă©tend sur prĂšs de trois quarts de siĂšcle Un homme qui vivait couchĂ© sur un banc [
] Lire la suite CHAPPUIS PIERRE 1930- 2020 Écrit par Gilles QUINSAT ‱ 576 mots Le poĂšte suisse Pierre Chappuis est nĂ© le 6 janvier 1930 Ă  Tavannes, dans le Jura bernois. Son pĂšre est directeur d’une manufacture d’horlogerie, sa mĂšre institutrice. AprĂšs une licence de lettres Ă  l’universitĂ© de GenĂšve, il enseigne la littĂ©rature Ă  NeuchĂątel, de 1952 Ă  1993. DĂšs 1969, il publie un premier recueil de poĂ©sie, Ma femme ĂŽ mon to [
] Lire la suite CHARRIÈRE ISABELLE DE 1740-1805 Écrit par Universalis ‱ 312 mots La romanciĂšre suisse Isabelle de CharriĂšre anticipa dans ses Ɠuvres l'Ă©mancipation du dĂ©but du xixe Isabelle AgnĂšs Elisabeth van Tuyll van Serooskerken, le 20 octobre 1740 Ă  Zuilen, prĂšs d'Utrecht en Hollande, elle Ă©pouse en 1771 un gentilhomme vaudois, ancien prĂ©cepteur de ses frĂšres et s'installe Ă  C [
] Lire la suite CHESSEX JACQUES 1934-2009 Écrit par Yves LECLAIR ‱ 777 mots JacquesChessex, romancier, poĂšte et essayiste suisse romand, est mort le 9 octobre 2009, Ă  Yverdon-les-Bains canton de Vaud.NĂ© le 1er mars 1934 Ă  Payerne canton de Vaud, ancien Ă©lĂšve des JĂ©suites Ă  Fribourg puis Ă©tudiant Ă  la facultĂ© des lettres de Lausanne, Jacques Chessex publie Ă  vingt ans, chez Mermod, son premier recueil de poĂš [
] Lire la suite CINGRIA CHARLES-ALBERT 1883-1954 Écrit par ETIEMBLE ‱ 1 674 mots Charles-Albert Cingria est un grand Ă©crivain français qui est mort Ă  l'Ăąge de soixante-douze ans sans que personne s'en aperçoive. Quand je dis personne, je veux dire les grands journaux, les grands hommes politiques et les grands critiques. » Ainsi s'ouvre la prĂ©face de Paulhan pour le premier des dix-sept tomes qui rassemblent enfin les ƒuvres complĂštes de celui que, par un [
] Lire la suite COHEN ALBERT 1895-1981 Écrit par GĂ©rard VALBERT ‱ 2 466 mots ‱ 1 mĂ©dia Au dĂ©but de l'annĂ©e 1933, dans les semaines qui prĂ©cĂšdent l'Ă©lection d'Adolf Hitler et la prise du pouvoir par les nationaux-socialistes, les journaux allemands font de Solal, roman d'Albert Cohen, qui vient d'ĂȘtre traduit, un Ă©loge dĂ©mesurĂ© la Vossische Zeitung du 12 mars compare l'Ă©crivain Ă  Shakespeare et trouve dans le livre des scĂšnes dignes de [
] Lire la suite CONSTANT BENJAMIN 1767-1830 Écrit par Étienne HOFMANN ‱ 2 073 mots Appartenant par sa formation Ă  l'Ă©poque des LumiĂšres, par sa carriĂšre au xixe siĂšcle, Benjamin Constant est l'un des reprĂ©sentants les plus illustres et les plus controversĂ©s de cette pĂ©riode charniĂšre. TĂ©moin privilĂ©giĂ© des bouleversements rĂ©volutionnaires, il tenta trĂšs tĂŽt de les inscrire dans une explication gĂ©nĂ©rale, en faisant intervenir le prin [
] Lire la suite EBERHARDT ISABELLE 1877-1904 Écrit par Aliette ARMEL ‱ 914 mots NĂ©e le 17 fĂ©vrier 1877 Ă  GenĂšve, Isabelle est dĂ©clarĂ©e de pĂšre inconnu, sous le patronyme d'Eberhardt, nom de jeune fille de sa mĂšre. Son pĂšre est probablement le prĂ©cepteur de ses frĂšres aĂźnĂ©s, Alexandre Trophimowsky, pope dĂ©froquĂ© d'origine armĂ©nienne, qui l'Ă©lĂšvera comme un dĂšs ses origines, l'existence d'Isabelle Eberhardt suscite l'engouement autant que son Ɠuvre. Elle a ins [
] Lire la suite HALDAS GEORGES 1917-2010 Écrit par Universalis ‱ 307 mots PoĂšte suisse. NĂ© Ă  GenĂšve d'une mĂšre suisse et d'un pĂšre grec, Georges Haldas est l'Ă©lĂšve d'Albert BĂ©guin avant de travailler dans l'Ă©dition, d'abord Ă  La BaconniĂšre, Ă  NeuchĂątel, puis chez Hachette, Ă  Paris. Il regagner la Suisse pour entrer aux Ă©ditions Rencontre. Ses recueils de poĂšmes ont Ă©tĂ© publiĂ©s pour la plupart [
] Lire la suite JACCOTTET PHILIPPE 1925-2021 Écrit par Jacques RÉDA, Universalis ‱ 653 mots ‱ 1 mĂ©dia NĂ© le 30 juin 1925 Ă  Moudon Suisse, Philippe Jaccottet, jusqu'Ă  la fin de ses Ă©tudes de lettres, a vĂ©cu Ă  Lausanne, soit – gĂ©ographiquement, littĂ©rairement – Ă  distance des mouvements et des modes, mais en un point de rencontre privilĂ©giĂ© de deux cultures ou, pour mieux dire, de deux clartĂ©s celle du romantisme et de l'idĂ©alisme allemands, celle du monde grĂ©co-latin. Par l'intermĂ©diaire de Höl [
] Lire la suite KRISTOF AGOTA 1935-2011 Écrit par Erica DURANTE ‱ 798 mots Hongroise exilĂ©e en Suisse, devenue Ă©crivain par un apprentissage tenace et courageux de la langue française qui lui Ă©tait inconnue jusqu'Ă  l'Ăąge adulte, Agota Kristof s'impose comme une voix majeure de la littĂ©rature francophone contemporaine. À partir d'une position d'Ă©trangĂšre, d' analphabĂšte » dans cette nouvelle langue, elle produit une Ɠuvre dense et d [
] Lire la suite MAILLART ELLA 1903-1997 Écrit par Aliette ARMEL ‱ 953 mots NĂ©e Ă  GenĂšve en 1903, Ella Maillart pratique trĂšs tĂŽt le ski puis, avec son amie Miette de Saussure, la navigation Ă  voile sur le lac LĂ©man. Elle fonde le premier club fĂ©minin de hockey sur gazon. AprĂšs son Ă©chec Ă  l'entrĂ©e Ă  l'UniversitĂ©, elle cherche Ă  s'Ă©loigner de l'Europe responsable de la PremiĂšre Guerre mondiale. Devenue La Vagabonde des mers publiĂ© Ă  Londres en 1942, [
] Lire la suite RAMUZ CHARLES FERDINAND 1878-1947 Écrit par Henri-François BERCHET ‱ 1 827 mots Peu d'Ă©crivains, romanciers ou poĂštes, ont Ă©tĂ© moins secrets que Ramuz. Et pourtant, que d'erreurs de jugement, que de fausses interprĂ©tations de son Ă©criture, de l'esprit de ses rĂ©cits, de l'Ăąme de ses personnages ! Des personnages dont il dressait la gĂ©nĂ©alogie avec mĂ©ticulositĂ© avant de leur donner vie. Mais, dĂšs la premiĂšre rĂ©flexion, ce paradoxe s'explique et se justifie les romanciers, de [
] Lire la suite ROUD GUSTAVE 1897-1976 Écrit par Pierre DUBRUNQUEZ ‱ 528 mots PoĂšte et traducteur nĂ© Ă  Saint-LĂ©gier, dans le canton de Vaud, Gustave Roud est avec Ramuz et C. A. Cingria l'un des grands noms du renouveau de la littĂ©rature de Suisse romande. DĂšs l'Ăąge de onze ans, il vient rĂ©sider Ă  Carrouge, dans le haut Jorat, rĂ©gion qu'il ne quittera plus et dont le paysage est fortement [
] Lire la suite ROUGEMONT DENIS DE 1906-1985 Écrit par Vital RAMBAUD ‱ 721 mots Écrivain suisse d'expression française en qui Saint-John Perse voyait une figuration scientifique de l'Homo europeanus », Denis de Rougemont fut l'un des principaux animateurs du mouvement personnaliste et demeure l'un des partisans les plus ardents du fĂ©dĂ©ralisme europĂ©en. Seule, en effet, une Europe fĂ©dĂ©rĂ©e et respectant l'autonomie de [
] Lire la suite ROUSSEAU JEAN-JACQUES Écrit par Bernard GAGNEBIN ‱ 4 968 mots ‱ 2 mĂ©dias En plein siĂšcle des LumiĂšres, Jean-Jacques Rousseau Ă©lĂšve une vĂ©hĂ©mente protestation contre le progrĂšs des sciences et l'accumulation des richesses, contre une sociĂ©tĂ© oppressive et des institutions arbitraires. Il stigmatise la dĂ©nat [
] Lire la suite TÖPFFER RODOLPHE 1799-1846 Écrit par Nelly FEUERHAHN ‱ 905 mots PĂ©dagogue, dessinateur, Ă©crivain, critique d'art, Rodolphe Töpffer doit Ă  l'essor de la bande dessinĂ©e d'avoir Ă©tĂ© redĂ©couvert au xxe siĂšcle. Les spĂ©cialistes du neuviĂšme art le considĂšrent aujourd'hui comme l'un des pionniers des histoires en images. NĂ© Ă  Ge [
] Lire la suite ZUMTHOR PAUL 1912-1995 Écrit par Bernard CERQUIGLINI ‱ 683 mots Que l'Ɠuvre de Paul Zumthor reprĂ©sente une des plus importantes contributions du xxe siĂšcle Ă  l'Ă©tude de la sociĂ©tĂ© mĂ©diĂ©vale, dans ses reprĂ©sentations et ses formes symboliques, dans sa littĂ©rature, on n'en saurait ce qui rend cette Ɠuvre tout particuliĂšrement attachante est le fait que, Ă©crite dans la langue admirable d'un romancier et d [
] Lire la suite

LesĂ©crivains ne sont globalement pas en reste dans ces critiques, et cependant, de Mac Orlan, Maeterlinck, Cocteau, Cendrars, ValĂ©ry ou Paul Eluard Ă  Pierre Bergounioux, Pierre Michon, Antoine Volodine ou François Bon, on trouve aisĂ©ment et mĂȘme chez les plus rĂ©ticents des pages Ă©vocatrices de bonheurs d’écoute, de rĂ©vĂ©lations, d’instants parfaits. Pages suscitĂ©es par

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La rĂ©vĂ©lation d’une possible nomination par Emmanuel Macron de l’écrivain Philippe Besson au consulat de France Ă  Los Angeles n’a pas manquĂ© de faire grincer des dents. Et pour cause la publication d’Un personnage de roman, en 2017, trĂšs tendre envers Macron, donne Ă  l’affaire des airs de faveur accordĂ©e par le monarque Ă  son lettrĂ© courtisan. Si l’épisode a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© largement commentĂ©, il est possible de l’analyser sous un autre angle en s’intĂ©ressant aux liens entre les Ă©crivain-e-s ou plus largement la littĂ©rature et l’institution prĂ©sidentielle en France. Car Macron n’est pas le premier Ă  mobiliser la sphĂšre littĂ©raire dans son exercice du pouvoir, que ce soit du point de vue de sa relation aux Ă©crivains ou de la mise en scĂšne de sa culture littĂ©raire. En fait, il ne fait que tenter de se placer dans le sillage d’une tradition française du leader lettrĂ© que d’autres ont façonnĂ©e avant lui. L’habiletĂ© d’Emmanuel Macron dans l’incarnation de la fonction prĂ©sidentielle n’est, Ă  peine plus d’un an aprĂšs son Ă©lection, plus Ă  dĂ©montrer. Son image trĂšs travaillĂ©e, sa communication ultra verrouillĂ©e et sa convocation constante de l’imaginaire monarchique dĂ©montrent son souci d’incarner une verticalitĂ© du pouvoir en France. Au sein de cet imaginaire, il est un Ă©lĂ©ment qui semble provoquer depuis un long moment, dans la sociĂ©tĂ© française, une forme d’adhĂ©sion inĂ©galĂ©e le goĂ»t et la maĂźtrise de la littĂ©rature. Si les prĂ©dĂ©cesseurs de Macron, Ă  savoir Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ne se sont pas particuliĂšrement illustrĂ©s dans ce domaine, force est de constater que le leader d’En Marche s’est employĂ© Ă  mobiliser ce que le sociologue Bernard Pudal appelle la “symbolique lettrĂ©e”[1]. Il suffit pour s’en convaincre de lire l’interview accordĂ©e Ă  la prestigieuse NRF au mois de mai dernier, dans laquelle Macron cĂ©lĂšbre avec passion le patrimoine littĂ©raire national. Mentionnons Ă©galement le portrait officiel du monarque rĂ©publicain, qui fait se juxtaposer smartphones et exemplaires des Nourritures terrestres de Gide, du Rouge et le noir de Stendhal et des MĂ©moires de guerre de de Gaulle. Ces Ă©lĂ©ments montrent dĂ©jĂ  Ă  quel point la littĂ©rature constitue pour Macron un outil d’incarnation indispensable pour le rĂ©gime prĂ©sidentialiste qu’est la Ve RĂ©publique. Le Premier ministre Edouard Philippe n’est toutefois pas en reste. Auteur d’un ouvrage exhortant les politiques Ă  lire, il s’est fendu, le 4 juillet dernier, d’une rĂ©plique de Cyrano de Bergerac dans une joute oratoire Ă  l’AssemblĂ©e. Visiblement passionnĂ© de littĂ©rature, Philippe semble lui aussi tenter de s’inscrire dans le sillage des hommes politiques lettrĂ©s. Mais de quel hĂ©ritage se rĂ©clament alors Emmanuel Macron et son Premier ministre ? La littĂ©rature est-elle un simple outil de communication politique en France, ou bien rentre-t-elle en interaction plus profonde avec les responsables politiques ? La littĂ©rature une institution sacralisĂ©e au sein de la sociĂ©tĂ© française Historiens et politistes ont dĂ©jĂ  montrĂ© le lien de longue durĂ©e qui unit, en France, la littĂ©rature Ă  la politique, notamment via les Ă©lites. L’historien de la littĂ©rature Paul BĂ©nichou [2] a par exemple analysĂ© la dynamique plurisĂ©culaire de sacralisation de la littĂ©rature au sein de la sociĂ©tĂ© française selon lui, la figure de l’écrivain aurait mĂȘme peu Ă  peu supplantĂ© le magistĂšre moral du clergĂ©, son autoritĂ© spirituelle venant combler une crise de lĂ©gitimitĂ© des Ă©lites politiques et religieuses. En dĂ©coule une vĂ©ritable croyance, en France, dans le pouvoir spirituel de la littĂ©rature et des Ă©crivains. Cette croyance est façonnĂ©e et entretenue par des institutions profondĂ©ment ancrĂ©es dans la sociĂ©tĂ© l’école produit et vĂ©hicule les “classiques scolaires” ; elle forme Ă©galement, jusqu’au premier XXe siĂšcle, des Ă©lites socio-politiques par les lettres par le biais des “serres” que sont la khĂągne et l’Ecole Normale SupĂ©rieure, selon l’expression de l’historien Jean-François Sirinelli [3]. Le champ littĂ©raire oscille alors entre autonomisation grandissante en se dotant de ses propres institutions, comme les prix littĂ©raires, surtout au dĂ©but du XXe siĂšcle et proximitĂ© avec la sphĂšre politique l’AcadĂ©mie française, premiĂšre institution littĂ©raire française, garde un lien important avec le pouvoir, par exemple. IntĂ©ressons-nous au cas trĂšs riche de la Ve RĂ©publique. Le GĂ©nĂ©ral de Gaulle, qui la fonde et dessine par lĂ  mĂȘme le sillage d’une pratique prĂ©sidentielle dans lequel ses successeurs tenteront de s’engouffrer, pose d’entrĂ©e de jeu un rapport Ă©troit et fĂ©cond entre pouvoir politique et littĂ©rature. Des politistes comme François Hourmant [4] ou Christian Le Bart [5] ont montrĂ© Ă  quel point le premier prĂ©sident de la Ve RĂ©publique a su jouer d’une double identitĂ©, Ă  savoir homme politique providentiel ! et Ă©crivain. La mobilisation de l’identitĂ© d’écrivain, la publication des MĂ©moires de guerre entre 1954 et 1959 contribue Ă  individualiser la sphĂšre politique et Ă  construire l’image d’un leader aux qualitĂ©s exceptionnelles. La postĂ©ritĂ© du GĂ©nĂ©ral maintient d’ailleurs cette identitĂ© d’écrivain rappelons que les MĂ©moires de guerre ont Ă©tĂ© proposĂ©s Ă  l’étude des candidats au baccalaurĂ©at littĂ©raire en 2012. Pompidou et Mitterrand deux trajectoires marquĂ©es par la littĂ©rature Nous faisons le choix, dans cet article, de dĂ©velopper particuliĂšrement deux cas prĂ©sidentiels ayant succĂ©dĂ© Ă  de Gaulle Georges Pompidou, son Premier ministre entre 1962 et 1968, Ă©lu chef de l’Etat en juin 1969, et François Mitterrand, opposant socialiste parvenu au pouvoir en mai 1981. Ces deux hommes politiques semblent en effet cristalliser nombre de points de rencontre entre politique et littĂ©rature au sommet de l’Etat, que ce soit par leur formation secondaire ou supĂ©rieure, leur goĂ»t personnel pour la littĂ©rature, leur culture littĂ©raire, ou leur frĂ©quentation d’autrices et auteurs. Le choix d’étudier deux prĂ©sidents issus de bords politiques opposĂ©s permet aussi de souligner le caractĂšre universel, en politique, de la valorisation de la littĂ©rature comme institution, voire comme valeur en soi. Le PrĂ©sident de la RĂ©publique se devant, du moins en apparence, de dĂ©passer les clivages, l’appel Ă  la littĂ©rature constitue un moyen efficace de valoriser une spĂ©cificitĂ© nationale. François Mitterrand lisant Ă  bord de son avion en 1984. Pompidou et Mitterrand font partie de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration l’un est nĂ© en 1911, l’autre en 1916. Tous deux grandissent en province dans les annĂ©es 1910-1920, dans le Tarn pour Pompidou ; en Charente pour Mitterrand. Historiens et biographes se sont souvent attachĂ©s Ă  montrer comment l’enfance a façonnĂ© un rapport singulier au territoire chez l’un comme chez l’autre. Elle correspond aussi pour les deux hommes Ă  la genĂšse d’un rapport privilĂ©giĂ© Ă  la lecture tous deux insistent, dans leurs diffĂ©rents Ă©crits autobiographiques, sur le temps passĂ© Ă  lire, enfants, les classiques grĂ©co-latins ou les romans français du XIXe siĂšcle. Cette appĂ©tence pour la littĂ©rature se traduit par une excellence scolaire dans les matiĂšres littĂ©raires, Ă  savoir principalement le latin et le grec, l’histoire et le français. Elle contribue Ă©galement Ă  ancrer l’idĂ©e, chez ces deux futurs hommes politiques, d’une grandeur littĂ©raire française inĂ©galable, faite de classiques et d’incontournables. Ainsi, Georges Pompidou est vite repĂ©rĂ© par ses enseignants Ă  Albi, qui le poussent Ă  intĂ©grer l’hypokhĂągne du lycĂ©e Pierre-de-Fermat Ă  Toulouse, puis, Ă  l’aide d’une bourse, la prestigieuse khĂągne du lycĂ©e Louis-le-Grand Ă  Paris en 1929. Il rĂ©ussit en 1931 le concours d’entrĂ©e Ă  l’Ecole normale supĂ©rieure de la rue d’Ulm, avant d’ĂȘtre reçu major Ă  l’agrĂ©gation de lettres classiques en 1935. L’ascension sociale de ce fils d’instituteurs, eux-mĂȘmes enfants d’agriculteurs, en fait un vĂ©ritable idĂ©al-type du “boursier conquĂ©rant”[6] de la TroisiĂšme RĂ©publique, qui place les lettres au coeur de l’élĂ©vation individuelle dans la sociĂ©tĂ©. Louis-le-Grand, Ă©tĂ© 1930. On reconnaĂźt, au premier plan, Georges Pompidou ; au deuxiĂšme, LĂ©opold SĂ©dar Senghor. Il est vrai que la place des lettres dans la formation de François Mitterrand est moins Ă©vidente. C’est par la facultĂ© de droit parisienne et l’Ecole libre des sciences politiques que le jeune charentais passe au cours de la deuxiĂšme partie des annĂ©es 1930, suivant une voie toute indiquĂ©e vers une carriĂšre politique. PrĂ©cisons toutefois que le parcours scolaire secondaire du jeune Mitterrand, effectuĂ© dans des institutions privĂ©es catholiques – conformĂ©ment aux origines sociales de sa famille – marque durablement son rapport Ă  la littĂ©rature. Le futur socialiste, baignant alors dans un environnement bourgeois et trĂšs conservateur, se familiarise avec une littĂ©rature Ă  l’image de ce milieu marquĂ©e Ă  droite, et fortement ancrĂ©e dans un territoire les noms de Jacques Chardonne et de François Mauriac, par exemple, seront par la suite frĂ©quemment mobilisĂ©s par les mĂ©dias pour caractĂ©riser les goĂ»ts littĂ©raires de l’homme politique. Dans le Paris des annĂ©es 1930, l’étudiant qu’il devient cherche Ă  assouvir sa soif de littĂ©rature non seulement en lisant, mais aussi en publiant rĂ©guliĂšrement des critiques littĂ©raires clouant au pilori les Ă©crivains alors considĂ©rĂ©s comme progressistes, Ă  l’instar d’AndrĂ© Gide ou de Louis Aragon ou en se rendant aux confĂ©rences et rencontres littĂ©raires mettant en vedette les grands Ă©crivains de l’époque. Pour Pompidou comme pour Mitterrand, le temps des apprentissages correspond donc, parallĂšlement Ă  leur socialisation politique, Ă  un temps de socialisation littĂ©raire particuliĂšrement important, qui dĂ©finit en grande partie leur cadre d’analyse, leur vision du monde future. Ils s’y confrontent, on l’a dit, aux “classiques”, mais commencent Ă©galement Ă  se familiariser avec une littĂ©rature plus contemporaine. Ainsi, Mitterrand devient dĂšs la fin du lycĂ©e un inconditionnel de la Nouvelle Revue Française NRF, tandis que Pompidou reste, pour ses anciens camarades de khĂągne et d’Ulm parmi lesquels LĂ©opold SĂ©dar Senghor, Julien Gracq, ou des Ă©crivains moins passĂ©s Ă  la postĂ©ritĂ© comme Paul Guth ou Henri QueffĂ©lec, celui qui a introduit la littĂ©rature surrĂ©aliste dans la prestigieuse Ă©cole. A l’aube de leur carriĂšre politique, les deux hommes sont donc lestĂ©s d’un bagage littĂ©raire particuliĂšrement riche, Ă  une Ă©poque oĂč les sciences humaines et sociales, et particuliĂšrement l’économie, n’ont pas encore pris l’ascendant sur les humanitĂ©s dans la formation des Ă©lites. Il convient, avant de se pencher sur le rĂŽle d’une disposition littĂ©raire en politique, d’établir quelques prĂ©cisions sur la culture et les goĂ»ts littĂ©raires des deux hommes. L’étude approfondie de leurs bibliothĂšques respectives, conservĂ©es en partie par leur famille, fait Ă©merger une tendance lourde et partagĂ©e la prĂ©sence trĂšs majoritaire de la littĂ©rature française, elle-mĂȘme majoritairement reprĂ©sentĂ©e par le roman des XIXe et XXe siĂšcles et la poĂ©sie sur une pĂ©riode allant du XVIIe au XXe siĂšcle. La lecture des grands romanciers français, comme Flaubert, Stendhal, Balzac ou encore Proust, qui deviennent des classiques via le passage par les manuels scolaires, marque durablement les deux hommes. Mais en analysant plus finement leurs bibliothĂšques, on peut aussi observer des spĂ©cificitĂ©s individuelles allant parfois Ă  l’encontre des idĂ©es reçues. Ainsi, François Mitterrand est, au-delĂ  de ses “mauvaises frĂ©quentations littĂ©raires” [7] qui crispent la gauche Chardonne, BarrĂšs, Maurras, etc., un grand lecteur d’écrivains latino-amĂ©ricains, et notamment de Pablo Neruda, Jorge Luis Borges ou Gabriel GarcĂ­a MĂĄrquez. Quant Ă  Pompidou, il se passionne pour des mouvements littĂ©raires contemporains, et notamment pour le Nouveau Roman. Ces lectures, Mitterrand comme Pompidou les intĂšgrent pleinement Ă  leur grille de lecture des problĂšmes politiques ; elles sont partie prenante d’une esthĂ©tisation constante de l’exercice du pouvoir qui leur permet de rĂ©soudre leur paradoxe personnel, entre goĂ»t pour la crĂ©ation et nĂ©cessitĂ© d’action. La littĂ©rature, ressource politique et outil de communication DĂšs lors, la littĂ©rature agit comme une vĂ©ritable matrice dans les trajectoires des deux hommes politiques. Si elle est Ă  l’origine de sensibilitĂ©s particuliĂšres, de cette “vision du monde” trĂšs difficile Ă  dĂ©finir, elle est Ă©galement une ressource politique. Pompidou et Mitterrand construisent effectivement, plus ou moins consciemment, leur identitĂ© d’hommes de lettres. Ainsi, Georges Pompidou ne manque pas de rappeler, lors d’interviews ou de confĂ©rences de presse, sa qualitĂ© de professeur de lettres, profession qu’il exerce une petite dizaine d’annĂ©es Ă  l’issue de sa formation Ă  l’ENS. Surtout, il truffe ses discours de rĂ©fĂ©rences littĂ©raires lancĂ©es Ă  brĂ»le-pourpoint, rĂ©cite par coeur des strophes, use de tournures et figures de style littĂ©raires. L’homme politique n’hĂ©site dĂšs lors pas Ă  faire appel au magistĂšre moral de l’écrivain, fĂ»t-il avant-gardiste et progressiste. Pompidou affectionne en effet la littĂ©rature et l’art d’avant-garde, qui lui permettent de nuancer son image marquĂ©e par un grand conservatisme. Si le deuxiĂšme prĂ©sident de la Ve RĂ©publique ne semble pas avoir marquĂ© les esprits autant que de Gaulle ou Mitterrand, il n’est pas anodin qu’un des rares Ă©pisodes pompidoliens Ă©tant passĂ©s Ă  la postĂ©ritĂ© soit la confĂ©rence de presse donnĂ©e par le PrĂ©sident en septembre 1969 au sujet de l’affaire Gabrielle Russier, au cours de laquelle il rĂ©pond Ă  une question dĂ©licate en citant, de tĂȘte, des vers d’Eluard. Pour beaucoup, Pompidou reste aussi l’auteur d’une Anthologie de la poĂ©sie française parue en 1961 et proposant somme toute un Ă©chantillon trĂšs classique et policĂ© du domaine, parfois Ă©loignĂ© de ses goĂ»ts personnels s’il voue un vĂ©ritable culte Ă  Baudelaire, Pompidou est aussi un lecteur fervent d’oeuvres contemporaines, Ă  l’affĂ»t des diffĂ©rentes sorties littĂ©raires. Si l’étude de ses correspondances de jeunesse laisse deviner une vĂ©ritable ambition littĂ©raire, Pompidou, dĂ©cĂ©dĂ© en 1974 Ă  l’ñge de 62 ans, n’a jamais pu combiner sa carriĂšre politique avec son dĂ©sir d’écriture et de gloire littĂ©raire. On observe ici un point commun de taille avec Mitterrand les deux hommes semblent en effet avoir bĂąti leur carriĂšre politique sur le deuil d’une carriĂšre d’écrivain, de la grandeur littĂ©raire. Mitterrand a maintes fois confessĂ© aux mĂ©dias son regret de n’ĂȘtre pas devenu Ă©crivain. François Hourmant a d’ailleurs montrĂ© comment le socialiste a beaucoup flirtĂ©, notamment au cours des annĂ©es 1970, en pleine “prĂ©sidentiabilisation” de son image, avec l’identitĂ© d’écrivain. Il publie ainsi deux recueils de chroniques Ă  succĂšs La Paille et le Grain et l’Abeille et l’Architecte et affirme son statut d’auteur sur plateau d’Apostrophes Ă  deux reprises, en 1975 et 1978. L’ambiguĂŻtĂ© permanente entretenue par Mitterrand Ă  ce sujet dĂ©note la grande proximitĂ©, voire la porositĂ© entre grandeurs littĂ©raire et politique, qui dialoguent particuliĂšrement au sein de la sociĂ©tĂ© française pensons aux personnages de Lamartine, Chateaubriand, Hugo, etc.. Les mĂ©dias jouent en effet un rĂŽle trĂšs important dans la mise en scĂšne de la posture lettrĂ©e l’expression est de C. Le Bart chez Pompidou et Mitterrand. L’essor de l’audiovisuel, l’apparition d’émissions littĂ©raires, l’introduction de la tĂ©lĂ©vision dans la vie privĂ©e des femmes et hommes politiques contribue Ă  la mise en valeur de leur rapport Ă  la littĂ©rature. Dans cette mesure, l’offre mĂ©diatique semble indiquer, en creux, la permanence dans la sociĂ©tĂ© française du second XXe siĂšcle d’une croyance dans la littĂ©rature, dont on cherche l’écho dans les qualitĂ©s personnelles des dirigeants politiques. Le mĂ©dia se pose en intermĂ©diaire entre les Ă©lecteurs dĂ©sireux de mieux connaĂźtre les Ă©lites politiques, et des politiciens avides d’une mise en rĂ©cit de leur trajectoire personnelle, Ă  l’intĂ©rieur de laquelle la littĂ©rature joue un rĂŽle particulier. La sociabilitĂ© littĂ©raire au cƓur de l’ElysĂ©e Ces interactions trĂšs poussĂ©es entre sphĂšres politique et littĂ©raire, nous les retrouvons aussi Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme de l’ElysĂ©e. A la tĂȘte du pays, Pompidou et Mitterrand ont tous deux profitĂ© de leur position pour renforcer leurs liens avec les Ă©crivains, voire pour encourager la crĂ©ation littĂ©raire. L’étude des archives prĂ©sidentielles montre la frĂ©quence des invitations d’écrivains Ă  dĂ©jeuner ou dĂźner, particuliĂšrement lorsque Mitterrand Ă©tait locataire du Palais. Françoise Sagan, Marguerite Duras, Michel Tournier, Gabriel GarcĂ­a MĂĄrquez, Milan Kundera
 font partie des Ă©crivains avec qui le socialiste tisse des liens profonds, ce qui ne l’empĂȘche pas de les mettre en scĂšne mĂ©diatiquement. Quant Ă  Pompidou, il maintient de nombreux liens avec ses anciens camarades de khĂągne et d’Ulm, surtout avec son ami Senghor devenu prĂ©sident du SĂ©nĂ©gal en 1960 et poĂšte reconnu. Georges Pompidou et LĂ©opold SĂ©dar Senghor en 1971 Ă  Dakar. Entre ces prĂ©sidents et les Ă©crivains se joue Ă©galement un jeu fait de gratifications mutuelles aux manifestations d’allĂ©geance de la part d’écrivains peuvent rĂ©pondre des dĂ©corations diverses du type LĂ©gion d’honneur, plus ou moins valorisĂ©es dans les milieux littĂ©raires. François Mitterrand a particuliĂšrement dĂ©veloppĂ© ces pratiques que l’on pourrait qualifier de “cour” avec les Ă©crivains et intellectuels prĂ©sents dans son entourage. DĂ©sireux d’ĂȘtre vu Ă  leurs cĂŽtĂ©s, le prĂ©sident n’hĂ©sitait pas Ă  jouer de la lumiĂšre que le pouvoir apporte Ă  quiconque s’en approche pour attirer les jeunes pousses littĂ©raires. Voyages, rĂ©ceptions, visites Ă  domicile
 ont Ă©tĂ© les vecteurs de cette sociabilitĂ© littĂ©raire plus ou moins mondaine, dont les archives prĂ©sidentielles gardent de nombreuses traces. Françoise Sagan et François Mitterrand en 1992. Notons enfin que Pompidou comme Mitterrand aiment s’entourer, au pouvoir, de “littĂ©raires”, qu’il s’agisse de diplĂŽmĂ©s de l’ENS pour Pompidou, ou d’écrivains pour Mitterrand le rĂŽle de conseillers qu’ont jouĂ© auprĂšs de lui les Ă©crivains Erik Orsenna et RĂ©gis Debray est bien connu. Le socialiste nomme mĂȘme l’écrivain François-RĂ©gis Bastide, dont il est proche, au rang d’ambassadeur de France. Cette tendance est loin d’ĂȘtre anecdotique elle dĂ©montre la foi de ces deux hommes dans la compĂ©tence des individus formĂ©s par la littĂ©rature, autant voire plus que celle des Ă©conomistes, experts et autres technocrates. Selon l’historienne Sabrina Tricaud dans sa thĂšse consacrĂ©e Ă  l’entourage de Georges Pompidou [8], ce dernier, pourtant passĂ© par la banque Rothschild et formĂ© Ă  l’économie et aux finances, aurait formulĂ© trĂšs clairement le dĂ©sir d’un gouvernement “par les littĂ©raires”. Plus encore, chez Mitterrand, la tendance Ă  confier des postes aux hommes et femmes de lettres qui l’entourent peut aussi s’apparenter Ă  une logique de don et de contre-don, sacralitĂ©s politique et littĂ©raire pouvant se nourrir mutuellement. La littĂ©rature a donc traversĂ© par de nombreux biais les trajectoires personnelles de Georges Pompidou et de François Mitterrand. Mais, en creux, c’est le poids de l’institution littĂ©raire au sein de la sociĂ©tĂ© française que l’étude de ces deux trajectoires montre particuliĂšrement importante dans la formation des Ă©lites au cours du premier XXe siĂšcle, la littĂ©rature entre trĂšs souvent en interaction avec le pouvoir ; elle est une vĂ©ritable ressource politique en ce qu’elle forge des visions du monde et se convertit en outil de sĂ©duction politique. Si la France de l’aprĂšs-Seconde Guerre mondiale est le théùtre de profondes mutations dans la formation des Ă©lites, avec l’apparition de l’ENA ou encore d’HEC qui amenuise le poids de la littĂ©rature et des humanitĂ©s dans les cadres cognitifs des dirigeants, on observe une permanence de l’influence de la littĂ©rature dans notre sociĂ©tĂ©. La lĂ©gitimitĂ© littĂ©raire cĂŽtoie dĂ©sormais d’autres formes de lĂ©gitimitĂ©, plus techniques nous avons parlĂ© du rĂŽle croissant de l’économie dans la lĂ©gitimation politique. C’est cette nĂ©cessaire hybridation, qui constitue peut-ĂȘtre une spĂ©cificitĂ© française, que Macron a bien comprise le diplĂŽmĂ© de l’ENA et d’HEC, qui n’a jamais rĂ©ussi Ă  intĂ©grer l’ENS, veille, comme Pompidou a pu le faire il y a cinquante ans, Ă  pondĂ©rer son image de technocrate et de banquier en mettant en valeur sa sensibilitĂ© littĂ©raire. Son expĂ©rience auprĂšs du philosophe Paul Ricoeur est Ă  cet effet particuliĂšrement valorisĂ©e dans la grande mise en rĂ©cit de la trajectoire macronienne, qui vise Ă  forger l’image du “grand homme” si nĂ©cessaire Ă  la construction du leadership dans la Ve RĂ©publique. RĂ©fĂ©rences [1] Pudal Bernard, Les usages politiques de la symbolique lettrĂ©e 1981-1995 », in Bernadette Seibel dir., Lire, Faire lire. Des usages de l’écrit aux politiques de lecture, Paris, Le Monde Éditions, 1995. [2] BĂ©nichou Paul, Le sacre de l’écrivain, 1750-1830 essai sur l’avĂšnement d’un pouvoir spirituel laĂŻque dans la France moderne, Paris, Gallimard, 1996. [3] Sirinelli Jean-François, “Serres ou laboratoires de la tradition politique? Les khĂągnes des annĂ©es 1920”, in Pouvoirs, 1987, n°42. [4] Hourmant François, François Mitterrand, le pouvoir et la plume. Portrait d’un prĂ©sident en Ă©crivain, Paris, Presses Universitaires de France, 2010. [5] Le Bart Christian, La politique en librairie les stratĂ©gies de publication des professionnels de la politique, Paris, A. Colin, 2012. [6] Sirinelli Jean-François, “Un boursier conquĂ©rant”, in Groshens Jean-Claude et Sirinelli Jean-François, Culture et action chez Georges Pompidou, Paris, PUF, 2000. [7] Fougeron Lucie et DehĂ©e Yannick, Le prĂ©sident et les Ă©crivains. Les frĂ©quentations littĂ©raires de François Mitterrand », in Serge Bernstein, Pierre Milza et Jean-Louis Bianco dir., François Mitterrand, les annĂ©es du changement, Paris, Perrin, 2001. [8] Tricaud Sabrina, L’entourage de Georges Pompidou institutions, hommes et pratiques, P. Lang, 2014. CrĂ©dits images
Publishingplatform for digital magazines, interactive publications and online catalogs. Convert documents to beautiful publications and share them worldwide. Title: Les écrivains de l'exil, ici et là-bas, Author: MédiathÚque de Villepinte, Length: 19 pages, Published: 2014-06-13
VOLTAIRE est une rĂ©fĂ©rence souvent retrouvĂ©e dans les citations qui illustrent le libellĂ© des sujets de culture gĂ©nĂ©rale. Voici un rĂ©sumĂ© de sa vie et de ses pensĂ©es afin de vous Ă©clairer sur son portrait si besoin il en Ă©tait
 VOLTAIRE François-Marie Arouet est un artiste, Ă©crivain et philosophe français nĂ© le 21 novembre 1694et dĂ©cĂ©dĂ© le 30 mai1778 Ă  l’ñge de 83 ans. Au XVIII° siĂšcle, Ă  une Ă©poque oĂč la culture française dominait en Europe, Voltaire dominait la culture française. Son Ɠuvre comprend un vaste ensemble d’écrits dans tous les genres littĂ©raires, dont 56 piĂšces de théùtre,des dialogues, des ouvrages historiques, des romans et des contes, des vers et de la poĂ©sie Ă©pique, des essais, des articles scientifiques et culturels, des pamphlets, de la critique littĂ©raire et plus de 20 000 lettres. Voltaire est nĂ© le 21 novembre 1694 et vĂ©cut jusqu’à l’ñge de 83 ans. Il choisit la carriĂšre des Lettres contre la volontĂ© de son pĂšre, qui disait qu’il ne pourrait pas vivre de sa plume. Quoi qu’il en soit, Voltaire fĂ»t Ă  la fois un Ă©crivain renommĂ© et un homme riche. Voltaire est connu pour ses Ă©crits philosophiques, pour sa grande ironie et pour sa lutte contre l’injustice, l’intolĂ©rance, la cruautĂ© et la guerre. En France, au XVIII° siĂšcle, il Ă©tait un Ă©crivain menant le combat pour des rĂ©formes politiques et sociales. Comme ses Ă©crits critiquaient le roi et l’Eglise, il vĂ©cut la plus grande partie de sa vie dans la crainte constante d’ĂȘtre emprisonnĂ©. C’est pourquoi il passa relativement peu d’annĂ©es Ă  Paris y sĂ©journer Ă©tait pour lui soit interdit, soit trop dangereux. Voltaire Ă©tait fils de notaire. De 9 Ă  17 ans, il suivit les cours du collĂšge jĂ©suite Louis-Le-grand. Quand il l’eut quittĂ©, son pĂšre lui trouva une place dans un cabinet d’avocats, mais il dĂ©sirait se consacrer Ă  la littĂ©rature. Il passait la majeure partie de son temps dans les salons et devint l’animateur de la sociĂ©tĂ© parisienne. En 1717, Voltaire fut arrĂȘtĂ© et envoyĂ© Ă  la Bastille pour offenses envers le rĂ©gent, Philippe II d’OrlĂ©ans. Il fut libĂ©rĂ© onze mois plus tard quand il fut Ă©tabli qu’il avait Ă©tĂ© accusĂ© faussement. Pendant son emprisonnement, il Ă©crivit sa premiĂšre piĂšce, ƒdipe », qui lui acquit beaucoup d’estime quand elle fut jouĂ©e Ă  sa sortie de prison. Voltaire continua Ă  Ă©crire pour le théùtre et croyait qu’il pourrait gagner Ă  la fois gloire et richesse dans la carriĂšre qu’il avait choisie. En 1726, au théùtre, Voltaire fit une remarque habile au Chevalier de Rohan, un jeune noble, qui comprit que Voltaire le mĂ©prisait. Pour se venger, Rohan fit rosser Voltaire par ses gens, tandis qu’il regardait la bastonnade de son carrosse. Bien qu’il n’ait pas Ă©tĂ© trĂšs athlĂ©tique, Voltaire prit des leçons d’escrime afin de provoquer Rohan en duel. Pour Ă©viter une affaire, la puissante famille de Rohan fit publier une lettre de cachet et Voltaire fut arrĂȘtĂ© et jetĂ© Ă  la Bastille. Il fut relĂąchĂ© contre la promesse qu’il quitterait le pays et irait en Angleterre. L’épisode avec le chevalier de Rohan laissa sur Voltaire une empreinte indĂ©lĂ©bile et Ă  partir de ce moment-lĂ  il devint un dĂ©fenseur de la rĂ©forme de la justice et de la sociĂ©tĂ©. Pendant son sĂ©jour en Angleterre, il rencontra les intellectuels les plus importants du pays. Il fut impressionnĂ© par la plus grande libertĂ© d’opinion qu’il y avait en Angleterre et fut profondĂ©ment influencĂ© par Isaac Newton et John Locke. Quand il fut autorisĂ© Ă  rentrer en France, Voltaire assura sa situation financiĂšre puis poursuivit sa carriĂšre littĂ©raire en ayant pour but d’établir la vĂ©ritĂ©, de la publier dans ses Ɠuvres et d’agir pour la rĂ©forme de la sociĂ©tĂ©. Par ses Ă©crits, Voltaire essaya d’amener une rĂ©forme des structures sociales et judiciaires de l’époque. Au XVIII° siĂšcle, en France, la totalitĂ© du pouvoir Ă©tait entre les mains du roi et de l’Eglise. L’Eglise enseignait que l’autoritĂ© pour dĂ©terminer ce qui Ă©tait bon et ce qui Ă©tait mauvais Ă©tait entiĂšrement dĂ©volue au roi par Dieu. Le roi Ă©tait complĂštement au-dessus des lois; son bon plaisir Ă©tait la loi. L’Eglise inculquait, Ă  l’opinion gĂ©nĂ©rale, le respect de la monarchie de droit divin et, en retour, le roi protĂ©geait l’autoritĂ© de l’église catholique en France. Ainsi, c’était un systĂšme de contrĂŽle des consciences, et tant que le peuple croyait au droit divin des rois, les rois et l’Eglise, et ceux qui avaient une fonction Ă  leur service les nobles et le haut-clergĂ© maintenaient leurs privilĂšges par rapport au reste de la population. Il n’était pas facile d’ĂȘtre un Ă©crivain favorable Ă  la rĂ©forme de la sociĂ©tĂ© au XVIII° siĂšcle en France. Tous les Ă©crits Ă©taient examinĂ©s par les censeurs officiels avant de pouvoir ĂȘtre publiĂ©s. En 1741 il y avait soixante-seize censeurs officiels. Avant que le livre n’obtienne la permission et le privilĂšge du roi », le censeur devait attester que le livre ne contenait rien de contraire Ă  la religion, Ă  l’ordre public ou aux bonnes mƓurs. Un livre publiĂ© sans la permission du gouvernement pouvait ĂȘtre brĂ»lĂ© par l’exĂ©cuteur public, l’imprimeur et l’auteur arrĂȘtĂ©s et mis en prison. Beaucoup d’Ɠuvres de Voltaire furent brĂ»lĂ©es par l’exĂ©cuteur public. En 1757, un homme du nom de Damiens tenta d’assassiner Louis XV. En rĂ©ponse Ă  cet attentat sur le roi, un nouvel Ă©dit stipula que quiconque serait convaincu d’avoir Ă©crit ou imprimĂ© des Ɠuvres tendant Ă  attaquer le pouvoir ou la religion, ou Ă  troubler l’ordre et la tranquillitĂ© du royaume, serait mis Ă  mort. En 1764 un autre dĂ©cret interdit la publication d’écrits sur les finances de l’Etat. Livres, pamphlets et mĂȘme prĂ©faces de piĂšces de théùtre Ă©taient soumis Ă  un examen dĂ©taillĂ© et contrĂŽlĂ©. Des sentences qui allaient du pilori Ă  neuf ans de galĂšres furent prononcĂ©es pour la vente ou l’achat de publications critiquant l’ordre Ă©tabli. Pendant presque toute sa vie Voltaire jugea nĂ©cessaire d’avoir toujours prĂȘt de lui les moyens de fuir s’il apprenait que la police le recherchait. A cause de lois de censure, Voltaire Ă©crivit frĂ©quemment de maniĂšre anonyme et la vente de la plupart de ses livres Ă©tait interdite. Mais en raison de son talent d’écrivain et de son esprit Ă©tincelant, un texte de Voltaire qui Ă©tait interdit Ă©tait finalement trĂšs demandĂ©. Voltaire et les autres Ă©crivains français qui voulaient Ă©chapper Ă  la censure faisaient imprimer leurs Ɠuvres Ă  Amsterdam, La Haye ou GenĂšve puis les faisaient entrer clandestinement en France. Voltaire nia ĂȘtre l’auteur de beaucoup de ses Ă©crits et parfois mĂȘme rĂ©digea la critique ou la dĂ©nonciation de ses propres livres. Il utilisait aussi d’autres moyens pour masquer ses idĂ©es sur la nĂ©cessitĂ© de rĂ©former la sociĂ©tĂ©. Ses piĂšces et ses contes contenant des exemples d’injustice similaires Ă  ce qui se passait en France Ă©taient souvent situĂ©s dans le passĂ© ou dans des pays Ă©trangers voire imaginaires. Une autre technique consistait Ă  publier sans faire de conclusion et Ă  laisser le lecteur ou la lectrice faire son propre jugement. Voltaire Ă©tait souvent appelĂ© le GĂ©nie de la Moquerie. Il utilisait la logique et l’humour pour dĂ©montrer que l’opinion opposĂ©e Ă  la sienne Ă©tait ridicule, et dans cette technique, Voltaire Ă©tait passĂ© maĂźtre. Les droits d’auteur n’existaient pas Ă  cette Ă©poque et il Ă©tait normal pour les Ă©diteurs d’imprimer tout ce qui tombait entre leurs mains et de ne pas partager leurs bĂ©nĂ©fices avec l’écrivain. C’est pourquoi Voltaire retira trĂšs peu de profit de ses Ă©crits. Il comprit trĂšs tĂŽt qu’il Ă©tait nĂ©cessaire d’avoir des moyens de subsistance indĂ©pendants s’il voulait encourager la rĂ©forme de la sociĂ©tĂ© par ses livres. Voltaire Ă©tait devenu finalement millionnaire vers la quarantaine. Quand il avait une vingtaine d’annĂ©es, il cultiva l’amitiĂ© de riches banquiers, en particulier des frĂšres Paris. C’est par eux qu’il apprit Ă  investir, Ă  spĂ©culer etc.
 les frĂšres Paris avaient un contrat pour fournir Ă  l’armĂ©e française nourriture et munitions et ils l’invitĂšrent Ă  participer avec eux Ă  cette entreprise extrĂȘmement profitable. Quand il Ă©tait en Angleterre, il remarqua qu’on pouvait gagner beaucoup d’argent dans le commerce extĂ©rieur et il investit dans des bateaux qui naviguaient autour du monde. Il investit aussi dans les Ɠuvres d’art, prĂȘta Ă  des particuliers et prit des intĂ©rĂȘts sur les prĂȘts. Le secrĂ©taire de Voltaire, Longchamp, rapporte que les revenus de Voltaire en 1749 Ă©taient de 80 000 francs, ce qui correspond approximativement Ă  600 000 $ 592 200 Euros actuellement. Voltaire garda des placements qui rapportaient beaucoup dans plusieurs pays Ă©trangers. Cela Ă©tait fait pour assurer ses moyens de subsistance au cas oĂč il aurait Ă  quitter la France rapidement. Dans son Ɠuvre, il dĂ©nonce la guerre, l’intolĂ©rance religieuse et l’injustice politique et sociale. Ses Ă©crits ont eu une grande influence sur la RĂ©volution française de 1789 et sur la RĂ©volution amĂ©ricaine de 1776. Il faut lire les livres de Voltaire pour comprendre pourquoi il fut considĂ©rĂ© comme le plus grand Ă©crivain de son temps en Europe et pourquoi il est encore Ă©coutĂ© aujourd’hui. Voici quelques pensĂ©es de François-Marie Arouet, dit Voltaire. Voltaire philosophe ? Cela fera sourire certains. Car s’il n’a pas construit de systĂšme philosophique Voltaire n’est d’ailleurs pas au programme de terminale, sa philosophie reste d’une influence majeure sur la pensĂ©e des LumiĂšres. Son Candide ridiculisera la pensĂ©e de Leibniz, son pacifisme influencera Alain, il popularisera le libĂ©ralisme anglais de Locke et dialoguera de son vivant avec Rousseau sur la politique et l’état de nature. Voici les citations cĂ©lĂšbres de Voltaire sur les principaux thĂšmes de sa philosophie la religion et la politique. Voltaire et la religion – “Tant qu’il y aura des fripons et des imbĂ©ciles, il y aura des religions. La nĂŽtre est sans contredit la plus ridicule, la plus absurde, et la plus sanguinaire qui ait jamais infectĂ© le monde” – “L’univers m’embarrasse, et je ne puis songer – Que cette horloge existe et n’ait point d’horloger” – “Le fanatisme est Ă  la superstition ce que le transport est Ă  la fiĂšvre, ce que la rage est Ă  la colĂšre” – “La superstition est Ă  la religion ce que l’astrologie est Ă  l’astronomie, la fille trĂšs folle d’une mĂšre trĂšs sage” – “Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer” – “Le Christianisme est la superstition la plus infĂąme qui ait jamais abruti les hommes et dĂ©solĂ© la terre” – “Si Dieu nous fait Ă  son image, nous le lui avons bien rendu” – “Dieu n’a crĂ©e les femmes que pour apprivoiser les hommes” Voltaire et la libertĂ© d’expression – “Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vousayez le droit de le dire” Voltaire et la mĂ©taphysique – “L’espĂšce humaine est la seule qui sache qu’elle doit mourir” – “On aime la vie, mais le nĂ©ant ne laisse pas d’avoir du bon” – “Je m’arrĂȘterais de mourir s’il me venait un bon mot” Voltaire et la politique – “L’art de gouverner consiste Ă  prendre le plus d’argent possible Ă  une catĂ©gorie de citoyens afin de le donner Ă  une autre” – “Comme le despotisme est l’abus de la royautĂ©, l’anarchie est l’abus de la dĂ©mocratie” – “Quand la populace se mĂȘle de raisonner, tout est perdu” – “Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable plutĂŽt que de condamner un innocent” – “Les hommes, avec des lois sages, ont toujours des coutumes insensĂ©es” – “La politique a sa source dans la perversitĂ© plus que dans la grandeur de l’esprit humain” Voltaire, l’égalitĂ© et le peuple – “Il est Ă  propos que le peuple soit guidĂ©, et non pas qu’il soit instruit; il n’est pas digne de l’ĂȘtre” – “Le systĂšme de l’égalitĂ© m’a toujours paru l’orgueil d’un fou” – “Je ne connais guĂšre que Jean-Jacques Rousseau Ă  qui on puisse reprocher ces idĂ©es d’égalitĂ© et d’indĂ©pendance, et toutes ces chimĂšres qui ne sont que ridicules” – “Le travail Ă©loigne de nous trois grands maux l’ennui, le vice et le besoin” Voltaire, Leibniz et l’optimisme – “Si c’est ici le meilleur des mondes possibles, que sont donc les autres ?” issue de Candide – “L’optimisme est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal” – “Il faut cultiver notre jardin” issue de Candide

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